Les vivants au prix des morts, de René Frégni, 2017

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« J’étais heureux dans ce petit vallon. J’ouvrais ce cahier chaque matin et j’étais ébloui par la liberté que m’offrait la blancheur vierge de chaque page, comme je l’étais dans le silence de tous ces chemins. Libre de marcher, d’écrire, de rêver. Libre de ne penser qu’à l’oiseau, lorsque je regardais l’oiseau, de ne penser qu’à chaque pierre où je posais mon pied lorsque je gravissais les chemins ravinés qui mènent aux crêtes. Libre de ramasser un mot, n’importe où, de tripoter ce mot, de l’observer, d’en extraire de brefs ou longs voyages, des désirs et des peurs« .

Ah vraiment je remercie l’amie qui, il y a quelques semaines, m’a fait découvrir cet auteur, alors que nous flânions et nous pâmions dans les rayonnages d’une super librairie parisienne qu’elle me faisait découvrir (Le Divan, dans le 15è).

René Frégni, auteur marseillais, a été infirmier en psychiatrie avant de se mettre à l’écriture.

Depuis plusieurs années, il anime des ateliers d’écriture dans la prison d’Aix-en-Provence et aux Baumettes, rien que son profil m’attirait.

Le libraire le comparait à Giono et mon amie me recommandait chaudement de découvrir un jour l’auteur, alors hop j’avais acheté deux titres ce jour-là.

Je n’ai pas du tout été déçue. La plume de l’auteur est très belle, limpide, chargée de sensualité et de lumière, avec de belles réflexions, de somptueuses descriptions de la nature provençale, avec une appétence pour le beau, le simple, l’ordinaire. Une plume et une atmosphère délicieuses.

Mais de quoi çà parle ?

On suit René, écrivain, homme d’âge mûr, qui vit dans les collines provençales loin du tumulte des hommes dont il ne veut plus, aux côtés de sa compagne Isabelle, institutrice.

René marche beaucoup, se gorgeant de la nature sublime qui l’entoure, écrit dans son carnet, descend chaque matin à Manosque boire un café avec les habitués, histoire de humer un peu l’actualité et de socialiser.

Cette douce vie va être rompue par un coup de fil. Kader, un détenu dangereux, membre du grand-banditisme, que René a connu lorsqu’il animait des ateliers d’écriture en prison, le contacte. Il vient de s’évader, a toute la police de France aux trousses. Kader demande à René de le planquer.

René va se retrouver pris dans un engrenage très noir, transformant sa vie un enfer. En même temps qu’il va redécouvrir la notion d’amitié, il va découvrir la vraie solitude et cotoyer la folie.

Un roman noir absolument dingue sous une plume  douce et très subtile, j’ai adoré.

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Parasite, de Bong Joon Ho (Palme d’Or 2019)

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J’avais oublié de venir parler ici de ce film génial vu il y a une bonne dizaine de jours, dites-donc…

Hop…

Une famille très pauvre, le père looser en jogging, la mère ex-lançeuse de poids qui fait du crochet (j’adore!) et leurs deux jeunes adultes au chômage, vivent à Séoul dans un appartement insalubre en entresol. Ils vivent de débrouille, sont joyeux, pas méchants, intelligents mais un peu feignants, très touchants, et on sent qu’ils s’aiment, que c’est une famille unie.

Pour gagner un peu d’argent, ils vont jouer les usurpateurs et subtilement, grâce à une petite occasion, vont s’immiscer dans la vie d’une famille très aisée de Séoul qui vit dans une sublime maison d’architecte, où se déroulera quasiment tout le film, qui est presque un huis-clos.

Le fils devient le professeur particulier de la fille aînée, la fille professeur de dessin du petit dernier pour lequel la mère, névrosée, a décrété un grand talent d’artiste et une voie toute tracée dans ce domaine.

Le frère et la soeur, les prétendus profs, donc, vont s’arranger pour virer la gouvernante et le chauffeur et placer leur père et leur mère.

C’est rigolo, chacun fait finalement très bien son job, ils font semblant de ne pas se connaître si jamais ils se croisent dans la maison.

Les revenus de la famille s’améliorent, la famille employeuse est satisfaite de leurs prestations, mais on sent bien que ça ne va pas s’arrêter là, qu’un truc va déraper, que ça va exploser. On ne sait pas quoi, on ne sait pas de qui, de quoi, d’où, mais on sait que ça va nous tomber dessus. Tout dans la mise en scène et le rythme nous l’indique, c’est palpitant, et c’est pas du tout le moment que ta connection internet te lâche, comme ça me l’a fait, mammamia c’était le parfait drame frustrant, mais bon c’est revenu assez vite, ouf.

D’un coup, bing, le ton change. Un secret est découvert et paf, la seconde partie vire au thriller. Puis à l’horreur. Tout en gardant son faux-air de comédie et en renforçant le drame social autour de la différence de classes sociales. Une sacrée réussite, ce mélange des genres. Un vrai régal.

Le scénario est passionnant, avec tout plein de retournements inattendus et absolument impossibles à anticiper. Du grand art.

Les plans sont magnifiques, la photographie parfaite, les acteurs excellents. Il y a tout ce que j’aime dans ce film : de la profondeur, des images superbes, de l’inattendu, un peu de folie, des messages subtils à deviner plutôt de l’émotion larmoyante toute faite à tire-larigot.

J’ai eu l’impression d’un Hitchcock mêlé de Chabrol, deux de mes chouchous, saupoudré d’une délicieuse poudre coréenne et de piment bien trash.

J’ai adoré.

L’avez-vous vu ?

Blabla lecture du lundi | 27 mars 2023

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Collage du jour

Bonjour !

La semaine dernière, j’ai beaucoup lu, faut dire que j’ai tout mon temps.

J’ai terminé la lecture du roman de l’auteur mozambicain Mia Couto, « La cartographe des absences ». J’ai eu bien du mal à le terminer. Bien que la plume soit riche et agréable, c’est très dense, de construction difficile et surtout le roman raconte une période très sombre du Mozambique. Malgré tout, j’ai plutôt aimé. Mais je vais devoir « décanter » un peu avant d’écrire une chronique sur ce roman, tant mes ressentis sont mitigés.

J’ai lu deux tomes de la série « le poids des secrets », de l’auteure japonaise Aki Shimazaki, et c’était délicieux, comme toujours avec cette auteure. Chaque tome fait une centaine de pages et se lit en deux heures maximum, c’est parfait pour faire des pauses durant des lectures plus longues.

Je suis en train de dévorer « Le prince des marées » de l’auteur américain Pat Conroy, dont j’avais adoré « Beach Music » il y a quelques mois. C’est un pavé de plus de 1000 pages, une saga familiale incroyable, prenante, surprenante, grave et drôle à la fois, l’écriture est succulente, avec un humour très subtil, j’ai bien du mal à le lâcher.

Je lis également quelques magazines (Télérama, Lire) que d’habitude je n’achète pas, n’ayant pas trop le temps de lire des magazines en temps normaux. C’est chouette de prendre ce temps.

Sinon, j’ai pu faire une trés courte première sortie ce week-end, à pas très mesurés et entourée d’une équipe de gendarmes mobiles (🤣🤣!), et évidemment, naturellement, c’est vers une librairie que je me suis dirigée, hein.

Ravie de mon butin. Vous avez lu ces titres ?

Et vous ? Bonne semaine ? Que lisez-vous ? Qu’avez-vous lu ? Ou vu, goûté, entendu de beau ? Hâte de vous lire, comme d’hab’ !

Belle semaine !

« Chien 51 », de Laurent Gaudé, 2022

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Malgré l’importante révolte de son peuple, la Grèce en faillite a été rachetée par un gros groupe privé qui développe et gère des mégalopoles privatisées dans le monde entier.

Un paquet de grecs a réussi à migrer vers une de ces cités, en quête de travail et de vie décente.

Zem a pu fuir Athènes et rejoindre Agnapole. Il y est devenu policier, mais un policier de la zone 3, la zone misérable où vivent la majorité des habitants, une zone sale, délabrée, non protégée par le dôme des pluies acides, tornades et canicules, une zone où chacun vit de débrouille et où la corruption fait loi pour pouvoir survivre.
Dans  cette zone, les policiers sont nommés « chiens ».

Lorsqu’il ne patrouille pas, Zem se drogue dans une boite de nuit, boite où on ne danse pas mais où on gobe des substances qui font revivre ses souvenirs. Zem repart ainsi dès qu’il le peut à Athènes, dans les bons moments de sa vie.

Un jour, une personne des zones favorisées va être retrouvée morte, éventrée, en zone 3. Zem va être chargé d’enquêter en binôme avec une inspectrice de zone favorisée.

Je n’ai pas du tout aimé ce dernier roman de Laurent Gaudé.

C’est un mélange de polar et de dystopie tellement sombre sur tous les plans qu’il m’a très vite excédée. Rien qu’un tout petit détail à minima positif aurait rendu le texte un peu plus crédible à mes yeux. Là, aucune nuance.

Tous les travers de nos sociétés contemporaines sont exacerbés à souhait, de façon souvent assez peu originale, en plus.

L’intrigue emberlificotée m’a perdue et je n’ai pas du tout accroché à la plume de l’auteur, bref je n’ai rien eu à quoi me raccrocher pour apprécier à minima cette lecture.

De l’auteur, j’avais lu « Sous le soleil des Scorta », qui m’avait profondément ennuyée. Vraiment, Laurent Gaudé, je n’accroche pas du tout avec cet auteur, je ne pense pas que j’en relirai !

« chronique d’une liaison passagère », d’Emmanuel Mouret (2022)

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Privée de sortie ces temps-ci, je rattrape grâce aux plate-formes numériques les films que j’avais loupés en 2022. J’ai enfin vu le dernier film d’Emmanuel Mouret, et je me suis régalée.

Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Peu à peu ils se surprennent par la complicité naturelle et la légèreté qui se développe entre eux. Ils s’engagent à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux. Plus facile à dire qu’à faire.

Comme le titre l’indique, il s’agit à la base d’une romance, genre que je n’aime pas du tout, aussi j’avais pas mal d’a priori sur ce dernier film d’Emmanuel Mouret. Je suis toutefois entrée de suite dedans, grâce à la légèreté mêlée de subtilité qui se dégage tout de suite de ce film. Il traite toute en finesse et avec humour de la question de la liberté, et çà m’a bien plu.

Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne sont très beaux et très vrais dans leurs rôles respectifs. Elle très libre, ayant décidé de ne plus se soucier de rien sauf de son plaisir, lui hésitant, peu à l’aise par rapport à sa femme, mais redécouvrant joie et liberté. On sent que les deux acteurs prennent beaucoup de plaisir et d’amusement à jouer dans ce film constitué de plein de petites saynètes tendres et comiques, se déroulant au fil des saisons.

C’est un film simple, assez épuré au niveau des dialoques et de la musique, laissant parler les gestes et les corps, vraiment c’est très bien fait.

C’est l’histoire d’une belle rencontre éphémère mais très marquante dans les trajectoires de chacun, une histoire amusante comme la vie, malgré ses élans positifs mais aussi ses coups de poing.

Un film comme un joli petit menuet qui nous embarque, forme un tout, une jolie boucle et nous débarque ébouriffés, un bien chouette tour de manège, on en redemande.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce film simple et intelligent qui montre combien la vie peut être douce, simple, en inventant et réinventant le désir et le lien.

L’avez-vous vu ?

Douce journée !🌸

Stardust, de Neil Gaiman (1999)

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Dans un joli et paisible village anglais entouré de forêts, Tristran, employé d’épicerie, semble être un adolescent comme les autres. Ses yeux scintillent pourtant en permanence, tels des pierres précieuses.

Tristran ignore que sa vraie mère est une fée avec laquelle son père a eu une liaison passagère dans sa jeunesse.

Car le village jouxte une zone féérique où n’ont pas le droit de se rendre les habitants, sauf tous les neuf ans lors de la grande foire des fées.

Le reste du temps, les hommes  du village se relaient pour monter la garde devant la brèche de la muraille qui sépare le village du pays des fées.

Pour se débarasser de lui, la jeune fille dont Tristran est fou amoureux va lui dire qu’elle l’épousera lorsqu’il lui ramènera une étoile filante.

Hop Tristran dit bye-bye à son employeur pénible, fait son baluchon, claque la bise à ses parents, et zou il franchit la muraille pour aller chercher une étoile filante au pays des fées.

Tristran va vivre plein d’aventures, réaliser des rencontres étonnantes, sorcières, licorne, gnomes, étoile déchue, capitaines de bateaux-pirates de nuages, princes sanguinaires… Il va devoir se fier à ses instincts et se découvrir des pouvoirs insoupçonnés fort utiles.

« Stardust », publié initialement  en 1999 au Royaume-Uni, en 2001 en France, est un conte féerique très bien mené, à l’univers charmant et bucolique, soutenu par une jolie plume limpide et poétique.

Il permet une super évasion de quelques heures dans un monde magique, çà reconnecte à son âme d’enfant et c’est super relaxant, d’autant qu’il se lit très facilement. Je l’ai lu lors de journées pas faciles à l’hôpital la semaine dernière et il m’a sacrément aidée.

Je suis bien contente d’avoir enfin sorti ce roman fantasy de ma (mes!) pile à lire, où il traînait depuis des années. Il avait d’ailleurs plusieurs fois failli en sortir, direction une boîte à livres. Ç’aurait été une erreur. J’ai bien envie de lire d’autres titres de Neil Gaiman, à présent.

Vous connaissez cet auteur ? Vous lisez de la fantasy ?

Belle journée !

Blabla lecture du lundi | 20 mars 2023

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Collage réalisé hier

Bonjour ! Bon lundi ! Bon printemps !🌼🌿

La semaine passée a donc été compliquée et stressante.  Au contraire de ce que j’avais imaginé, j’ai pu lire un petit peu, et çà m’a bien aidée.

Je n’avais pas emmené à l’hôpital ma lecture en cours, le roman de Mia Couto, « le cartographe des absences », qui est très bien mais assez dur car il traite des exactions commises par les portugais lors de la décolonisation du Mozambique. Il me fallait du très léger.

Avant de partir à l’hôpital, j’avais glissé dans ma valise un petit roman fantastique qui traînait dans ma pile à lire depuis des années, « Stardust » de Neil Gaiman.

À vrai dire, il avait failli partir en boite à livres en février. Hé bé j’ai bien fait de le garder, il a été parfait pour aider mon esprit à s’évader et puis ça se lit très très facilement, pile-poil ce qu’il me fallait, j’ai passé de bons petits moments avec fées, gnomes, licornes, sorcières et princes sanguinaires. Je ferai une chronique bientôt.

Depuis mon retour à la maison, j’ai repris la lecture du roman de Mia Couto, j’ai lu le très court et truculent texte d’Hervé Le Tellier dont je parle dans le billet précédent. J’ai également attaqué une série d’une auteure que j’adore, Aki Shimazaki, « le poids des secrets », régal.

Comme je suis principalement alitée, j’ai plein de temps pour lire, tout mon temps, en fait, et c’est bien la première fois de ma vie, çà fait bizarre.

Je tricote, lis, regarde des films, j’ai enfin vu « Parasite », de Bong Joon-ho (Palme d’Or 2019), que j’ai adoré, quelle pépite ! Du coup, chroniques cinéma à venir. Sinon, lors de petites sessions assises, je fais des collages. Bref, je ne m’ennuie absolument pas, au contraire les journées passent bien vite avec le tout entrecoupé de siestes.

Et vous ? Qu’avez-vous lu, vu, entendu, rêvé, créé, dégusté, la semaine passée ? Hâte de vous lire…

« Moi et François Mitterand », d’Hervé Le Tellier, 2016

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Été 1983.

Un homme ordinaire envoie une carte postale au nouveau Président de la République pour le féliciter de son élection et  lui parler de ses vacances à Arcachon.

Il recevra quelques mois plus tard une lettre-type de l’Elysée mais l’homme, atteint de franche mythomanie, va y déceler les signes d’une amitié naissante.

Malgré les mêmes réponses types de l’Elysée à chacun de ses courriers, il va entamer une correspondance de plusieurs années avec François Mitterrand, lui racontant sa vie et celle de son chat, ses déboires amoureux et professionnels.

Il est persuadé d’une réelle intimité et amitié avec le Président qui, dès qu’il le peut, intervient bien évidemment discrètement en sa faveur.

C’est absolument truculent d’entrer dans le délire maniaque de ce personnage par ailleurs très sympathique.

En tant qu’ami intime  de François Mitterrrand, il se permettra quelques années plus tard de contacter les nouveaux locataires de l’Elysée, et d’autres amitiés, ou inimitiés, vont éclore de son imaginaire débordant.

La relation qu’il développe avec Jacques Chirac est particulièrement croustillante.

J’ai passé un délicieux moment avec ce très court texte d’Hervé Letellier, qui se lit en deux heures maximum.

C’est à la fois légèrement triste (cet homme gentil, très intelligent, est clairement malade et s’ennuie profondément) et en même temps extrêmement drôle par la naïveté du personnage, ses interprétations farfelues des sempiternelles lettres de réponses types qu’il reçoit de l’Elysée.

Il est intimement persuadé de la véracité de son amitié et de ses liens avec les différents hommes d’état, c’est très touchant.

J’ai aimé cette façon originale et poétique de traiter un trouble psychique qu’a su réaliser Hervé Letellier.

Cette nouvelle est un petit bijou d’humour truculent et fin, enjolivé par un excellent maniement de la langue française avec laquelle l’auteur jongle avec beaucoup d’espieglerie, bref j’ai passé un délicieux amusement, je recommande !

[P.S (parce que c’est Mitterrand🤪) : lu et apprécié hier soir, de retour de l’hôpital. Après quelques jours pas très faciles, mais je vais plutôt bien et surtout j’ai la pêche. Place à la convalescence avec films, lectures et tricot à gogo !]

Bon week-end !

Le sel de tous les oublis, de Yasmina Khadra (2020)

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Tout d’abord, merci pour vos voeux, souhaits, pensées pour demain 🙏.

Zou mon avis sur ce roman lu la semaine dernière…

C’était la première fois que je lisais un roman de Yasmina Khadra, écrivain algérien. On me le conseille depuis si longtemps. Je n’ai pas été déçue.

L’histoire se déroule en Algérie, en 1963. Lorsque sa femme le quitte pour aller vivre avec son amant, la vie d’Adem s’écroule. L’instituteur plaque son job pour partir sur les chemins, vivre sa vie seul, loin des hommes.

Sa misanthropie et son alcoolisme vont s’amplifier en même temps que sa détresse. Atrocement fermé, rageux, discourtois, il ne saura pas se saisir de rencontres providentielles farfelues qui vont jalonner sa route : un nain ermite gentil et philosophe, en quête d’affection, de vieux brigands porteurs de bons conseils, un musicien aveugle qui chante des prophéties…un roman aux airs de conte, çà m’a complètement emballée !

Saoûlard aux pieds-nus, maltraité, épuisé, Adem va être recueilli par un couple de paysans illettrés et miséreux. Le couple, dont le mari n’a plus de jambes à cause d’une mine, est sur le point de se faire voler ses terres au nom de l’Etat via un préfet atroce qui n’hésitera pas à les mettre sur les chemins. Adem va se surprendre à défendre leur cause et se réouvrir légèrement à son humanité.

J’ai aimé suivre les pérégrinations de cet anti-héros très mélancolique, ainsi que la plongée dans l’ambiance très spéciale de  l’Algérie mutilée juste après son indépendance, alors que le FLN cherche à s’imposer et à s’approprier les richesses du pays. C’était vraiment intéressant.

La noirceur du texte entre en contraste avec les personnages loufoques et les situations farfelues, la plume est à la fois poétique et drôle, entraînante, une plume qui m’a beaucoup plu.

Un mélange de noirceur et de loufoquerie sur un fond de réflexion philosophique et historique, une plume limpide et précise, qui, derrière un à-priori léger, propose de belles réflexions sur la possession, le pardon, la reconstruction, la condition de la femme.

J’ai vraiment bien aimé cette lecture et lirai volontiers d’autres titres de Yasmina Khadra.

À bientôt ! Sûrement lundi prochain pour le blabla lecture, peut-être avant si j’ai la pêche pour rédiger une chronique, j’en ai un paquet en retard.

Blabla lecture du lundi / 13 mars 2023

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La semaine dernière fut africaine.

J’ai terminé la lecture de « Le sel de tous les oublis » de Yasmina Khadra. J’ai beaucoup apprécié cette histoire qui se déroule en Algérie juste après sa libération. J’ai également beaucoup aimé la plume et l’univers onirique, presque méditatif, qu’offre l’auteur. Je ne l’avais jamais lu mais je lirai volontiers d’autres titres de Yasmina Khadra. Je vais essayer de publier un billet sur ce roman demain.

De l’Algérie, je me suis envolée vers le Mozambique. Je suis en train de lire « Le cartographe des absences », de l’auteur mozambicain Mia Couto, une super découverte.

Un écrivain revient dans la région de son enfance, invité par une université pour un colloque. Il va se replonger dans ses souvenirs et ceux de son père, un grand poète qui a lutté contre la colonisation portugaise. Il va nous dévoiler les horreurs qui ont été commises par les portugais lors de la guerre pour la décolonisation du pays. C’est super bien écrit, les personnages sont incroyables, j’aime beaucoup cette lecture.

Un petit bout de mon carnet de lecture, où j’écris des extraits des livres lus, çà me permet de m’y replonger.

Cette semaine est assez (enfin très) particulière pour moi et je ne pense pas que je serai en état de lire durant quelques jours au moins. J’aimerais terminer ce chouette roman de Mia Couto, mais on verra bien !

Et vous, qu’avez-vous lu, vu, entendu de chouette la semaine passée ? J’adore vous lire…

Bonne semaine !