
Ah enfin je l’ai vu, ce film germano-estono-russo-finlandais que j’avais loupé en salle en 2021. Vu le week-end dernier.
Un film qui te ramène pfiout direct dans les années 80, te fait voyager en train massif-rustique dans le grand nord de la Russie, entre Moscou et Mourmansk, dans des effluves de gnôle, de chaussettes mouillées, de cornichons et de mandarines.
Un road-movie ferroviaire surprenant.
Une étudiante en archéologie monte dans ce train à Moscou, dans le but d’aller visiter un site archéologique situé près de Mourmansk, sur les bords de la mer Baltique. C’est son rêve depuis toujours.
Sa petite amie/colocataire à Moscou, une prof de fac, devait l’acccompagner, mais se désiste au dernier moment. Elle n’a plus le temps pour ce long périple.
Les premières scènes du film, dans les appartements artistiques et festifs moscovites (super beaux décors, chouette ambiance, super musique des 80’s dont l’excellentissime « Voyage voyage » de Desireless), tendent à montrer qu’elle sent douloureusement que la relation avec sa compagne s’étiole.
Elle part tout de même, mais dans un état d’esprit très mélancolique, en mode « laissez-moi dans ma bulle ».
Le voyage va durer plusieurs jours, avec quelques étapes de plusieurs heures dans des villes moyennes du nord de la Russie. Elle espère se reposer et surtout se changer les idées.
Elle va être obligée de partager son minuscule et peu confortable wagon-lit avec un jeune homme rustre qui se rend lui aussi à Mourmansk, pour travailler dans les mines. Dès le premier soir il s’enivre de gnôle locale et se montre très intrusif, elle sent qu’il pourrait être violent.
Cette cohabitation de quelques jours, ponctuée de petites aventures et d’improbables rencontres, va peu à peu faire se dompter, se rapprocher ces deux êtres que tout oppose.
La photographie sombre mais lumineuse du film m’a d’entrée de jeu emballée. Le jeu des acteurs également, ils sont beaux, vrais, c’est incroyable.
La mise en scène dans le train et ses espaces sombres et étriqués, les séquences dans les villes où ils vont se défouler les jambes lors des étapes et vivre de petites aventures sont super réussies, très immersives. On se laisse prendre par la main pour vivre ce voyage avec les personnages.
La relation houleuse entre les protagonistes, leur rapprochement progressif, les éléments que la réalisatrice nous fait subtilement et progressivement deviner sur le lourd passé du jeune homme en fait un personnage très touchant.
Chacun va sans le savoir soutenir la rage et la mélancolie de l’autre et c’était vraiment intéressant de voir peu à peu cette relation improbable se développer, les émotions se libérer.
J’ai adoré ces deux personnages fragiles et un peu perdus et leur retour à la vie que permettra ce voyage en train.
Une comédie-dramatique originale de part le lieu où elle se déroule essentiellement, le wagon-lit, un voyage fascinant, original et mélancolique dans l’URSS des années 80, une jolie histoire, vraiment j’ai beaucoup aimé ce film.
Et j’ai adoré, par le plus grand des hasards, me retrouvrer à écrire ce billet précisément dans un train, où je voyage pour quelques heures en ce vendredi ensoleillé.