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~ Blog de partages et échanges culturels

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Archives de Tag: cinéma

🎬 « Compartiment n°6 », de Juho Kuosmanen (2021)

02 vendredi Juin 2023

Posted by labibliothequeroz in cinéma

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art, Chronique, cinéma, film

Ah enfin je l’ai vu, ce film germano-estono-russo-finlandais que j’avais loupé en salle en 2021. Vu le week-end dernier.

Un film qui te ramène pfiout direct dans les années 80, te fait voyager en train massif-rustique dans le grand nord de la Russie, entre Moscou et Mourmansk, dans des effluves de gnôle, de chaussettes mouillées, de cornichons et de mandarines.

Un road-movie ferroviaire surprenant.

Une étudiante en archéologie monte dans ce train à Moscou, dans le but d’aller visiter un site archéologique situé près de Mourmansk, sur les bords de la mer Baltique. C’est son rêve depuis toujours.

Sa petite amie/colocataire à Moscou, une prof de fac, devait l’acccompagner, mais se désiste au dernier moment. Elle n’a plus le temps pour ce long périple.

Les premières scènes du film, dans les appartements artistiques et festifs moscovites (super beaux décors, chouette ambiance, super musique des 80’s dont l’excellentissime « Voyage voyage » de Desireless), tendent à montrer qu’elle sent douloureusement que la relation avec sa compagne s’étiole.

Elle part tout de même, mais dans un état d’esprit très mélancolique, en mode « laissez-moi dans ma bulle ».
Le voyage va durer plusieurs jours, avec quelques étapes de plusieurs heures dans des villes moyennes du nord de la Russie.  Elle espère se reposer et surtout se changer les idées.

Elle va être obligée de partager son minuscule et peu confortable wagon-lit avec un jeune homme rustre qui se rend lui aussi à Mourmansk, pour travailler dans les mines. Dès le premier soir il s’enivre de gnôle locale et se montre très intrusif, elle sent qu’il pourrait être violent.

Cette cohabitation de quelques jours, ponctuée de petites aventures et d’improbables rencontres, va peu à peu faire se dompter, se rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

La photographie sombre mais lumineuse du film m’a d’entrée de jeu emballée. Le jeu des acteurs également, ils sont beaux, vrais, c’est incroyable.

La mise en scène dans le train et ses espaces sombres et étriqués, les séquences dans les villes où ils vont se défouler les jambes lors des étapes et vivre de petites aventures sont super réussies, très immersives. On se laisse prendre par la main pour vivre ce voyage avec les personnages.

La relation houleuse entre les protagonistes, leur rapprochement progressif, les éléments que la réalisatrice nous fait subtilement et progressivement deviner sur le lourd passé du jeune homme en fait un personnage très touchant.

Chacun va sans le savoir soutenir la rage et la mélancolie de l’autre et c’était vraiment intéressant de voir peu à peu cette relation improbable se développer, les émotions se libérer.

J’ai adoré ces deux personnages fragiles et un peu perdus et leur retour à la vie que permettra ce voyage en train.

Une comédie-dramatique originale de part le lieu où elle se déroule essentiellement, le wagon-lit, un voyage fascinant, original et mélancolique dans l’URSS des années 80, une jolie histoire, vraiment j’ai beaucoup aimé ce film.

Et j’ai adoré, par le plus grand des hasards, me retrouvrer à écrire ce billet précisément dans un train, où je voyage pour quelques heures en ce vendredi ensoleillé.

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🎬 Showing up, de Kelly Reichardt (2023)

26 vendredi Mai 2023

Posted by labibliothequeroz in cinéma

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art, Chronique, cinéma

Lizzie, la quarantaine, solitaire et taciturne, est employée de bureau dans l’école d’art tenue par sa mère, dans l’Oregon. Tout son temps libre, elle le passe dans le garage de sa petite maison de location, où elle sculpte sans relâche de petites statuettes de personnages féminins (très belles oeuvres de l’artiste plasticienne américaine Cynthia Lahti, on les voit sur l’affiche, j’ai adoré découvrir son travail délicat et touchant).

A l’approche de sa toute première exposition, une toute petite expo, Lizzie a un boulot monstre. Elle n’aspire qu’à s’enfermer chez elle pour terminer les peintures de ses statuettes, oubliant parfois de manger et de donner ses croquettes au gros matou qui partage sa vie.

Lizzie a besoin de calme et de tranquillité pour mettre un dernier coup de collier à la préparation de son expo. Mais elle doit gérer les soucis du quotidien et les tracas familiaux : sa voisine/propriétaire, artiste plasticienne assez reconnue, qui tarde à lui rétablir l’eau chaude, les tensions entre ses parents divorcés, son père qui se fait arnaquer en hébergeant des « amis » profiteurs voyageurs squatteurs de canapé, son frère schizophrène qui débute une phase critique.

Taiseuse, courageuse, Lizzie gère tout ça alors qu’elle n’aspire qu’à la paix. Elle exprime peu ses ressentis et est très bien avec pour seules compagnies son chat et ses statuettes, qu’elle manipule comme des petits êtres fragiles, c’est très beau, ses gestes délicats lors du travail sur ses créations ou ses expressions lorsqu’elle les contemple.

Un oiseau blessé par son chat va venir mobiliser son attention, canaliser ses émotions. Veiller comme une mère sur ce pigeon blessé va l’aider à exprimer ses émotions, à rester centrée sur elle et son travail malgré tous les petits tracas du quotidien.

J’ai adoré ce film. Michelle Williams (qui jouait le rôle de la mère dans « The Fabelmans », où elle était incroyable), est extra dans ce rôle de Lizzie, un personnage ordinaire, qu’on remarque peu, renfermée, pas aimable, qui ne parle que pour dire l’essentiel, un peu pataude, qui s’habille comme un sac, fait facilement la tronche, un personnage qui n’a rien pour séduire mais dont tous les gestes, artistiques ou quotidiens, les postures, regards, disent toute l’humanité et la tendresse.

Cette femme que personne ne remarque ou à peine, cette « petite secrétaire », va épater tout le monde par ses productions incroyables. Elle va se faire remarquer par des galeristes new-yorkais, rêve de tous les artistes l’école d’art où elle travaille.

C’est un film où il ne se passe pas grand chose, qui se centre sur les petits riens du quotidiens, des petites joies, de petits ou grands tourments, des petites bribes de journées, qui font approcher au plus près la personnalité de Lizzie, ses emballements et ses moments de déprime.

J’ai aimé cette explorarion de la personnalité  de Lizzie, ce centrage sur son intériorité, ce zoom sur sa vie créative, le fait que la réalisatrice n’évoque pas son éventuelle vie affective, amoureuse ou sexuelle, c’est tellement rare de présenter un personnage sans cette dimension là, j’ai trouvé ça génial, ça m’agace parfois que cette dimension soit automatiquement incluse dans la considération, l’approche d’une personne, au cinéma, en littérature (ou dans la vie !).

J’ai aimé le milieu artistique dans lequel se déroule le film, milieu arty bohème, avec ses petits clin-d’oeils aux trucs farfelus qu’on y trouve, parfois, mais aussi tous ces gens passionnés par leurs créas, les échanges et élans de solidarité entre eux, il émane une force tranquille de ce film qui m’a totalement séduite.

On suit Lizzie préparant son expo, ses interactions avec les personnes qui font partie de son quotidien, c’est un film d’apparence décousue mais très harmonieux, qui développe habilement la question de l’interférence des contraintes familiales et quotidiennes dans le déploiement du processus créatif. Un thème qui m’a beaucoup parlé et intéressée.

Bref, un film de cinéma américain indépendant comme je les aime et que je recommande à tous les fans d’art et de création.

🌸

J’inclue ce billet dans le cadre du « Printemps des artistes » organisé par le blog « la bouche à oreilles »

https://wp.me/p2wk1m-1Mu

Bilan cinéma d’avril

10 mercredi Mai 2023

Posted by labibliothequeroz in Chronique

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Chronique, cinéma, film

Mai est bien avancé mais il est encore temps de faire mon bilan cinéma du mois d’avril.

J’ai pu aller voir cinq films en salle.

J’ai été touchée par la tendresse de « Le bleu du caftan », je me suis super bien divertie avec « Les trois mousquetaires », j’ai plus que vibré avec « Voyages en Italie », je me suis un peu ennuyée avec « Hokusai » pourtant très beau, et je me suis super bien amusée avec « Ma langue au chat ».

Plus de détails dans ma vidéo YT, si ça vous dit !

À bientôt !

Cinéma : « Hokusai », de Hajime Hashimoto (2023)

30 dimanche Avr 2023

Posted by labibliothequeroz in Cinéma 2023

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cinéma, film, hokusai, Japon, peinture

J’adore le Japon et les oeuvres du peintre Hokusai, qui a peint la nature et plein de scènes de la vie quotidienne du Japon du XVIIIè siècle. Il a produit plus de 30 000 dessins durant sa longue carrière et ils sont encore beaucoup reproduits.

Vous connaissez forcément, c’est lui qui a peint la célèbre grande vague de Kanagawa.

J’avais vraiment hâte de voir ce film japonais retraçant la vie du peintre, et la bande-annonce était très attrayante.

J’y suis allée dès le jour de sa sortie, ce dernier mercredi, juste après avoir dégusté des onigiris tout frais dans les jardins ensoleillés du Palais Royal, entourée de quelques touristes japonais faisant pareil et de gros pigeons guettant mes miettes de riz, j’étais à fond, j’étais fin prête.

La première partie du film raconte les débuts difficiles du jeune peintre dans un Japon très traditionnel (à l’époque le Japon n’était pas encore ouvert à l’occident), où les artistes sont soumis à une très forte censure, où les livres, peintures qui dérogent à la bien-pensence sont détruits.

Le jeune Hokusai (qui ne se faisait pas encore appeler comme ça, il a changé de pseudonyme de nombreuses fois), passionné, fougueux et épris de liberté, se fait virer de son école.

Il se rapproche des milieux artistiques clandestins et indépendants, travaille sans relâche et parviendra à connaître le succès.

Cette partie est très intéressante, la reconstitution de l’époque Edo est vraiment réussie, décors, costumes, coiffures, avec une très belle photographie et de beaux plans. Mais il y a tout de même pas mal de longueurs.

Et puis pfiout, seconde partie, on passe direct à l’époque où le peintre est très âgé et est devenu maître.

Il vit très chichement dans une petite maison à la campagne, assisté par sa fille. Il peint frénétiquement et se gave de la nature environnante. Les admirateurs se pressent pour lui rendre visite dans son atelier. Le peintre va vivre un histoire difficile en lien avec les samouraïs qui sévissent toujours comme gardiens de la morale, cette seconde partie est plutôt centrée là-dessus. Rien ou peu sur tous les autres aspects de sa vie, rien non plus sa vie entre ses 20 ans et 70 ans. Je suis assez déçue sur ce point.

J’ai l’impression que le film ne fait qu’effleurer la vie du peintre et que celui-ci n’a été que prétexte à montrer la société et les pouvoirs en place de l’époque et là aussi, c’est en fait peu développé. Du coup, sans repères ni explications minimales, on se perd un peu parce qu’on ne connait pas certains fonctionnements sociétaux, codes ou enjeux de pouvoirs .

Mais c’est une réalisation japonaise, il ne faut pas l’oublier, un film à la base réalisé pour les japonais, bien évidemment plus au fait de l’histoire du pays, et qui doit résonner différemment pour eux j’imagine.

En tout cas, j’ai eu du mal à cerner le thème principal, rien n’est vraiment approfondi, il y a pas mal de longueurs ou de changements de sujets ou d’époque trop rapides. Ça m’a complètement perdue et très vite ennuyée.

Pour le reste, ce film est un plaisir à regarder pour les reconstitutions de l’époque, la très belle photographie, les nombreux dessins que l’on peut voir, achevés ou durant leur processus de réalisation. Et c’est intéressant d’apprendre à quel point la censure était virulente et violente à l’époque.

Mais globalement, j’ai été plutôt déçue par ce film où je me suis pas mal ennuyée.

Ce billet participe au défi « Printemps des artistes » organisé par le blog « la bouche à oreilles » :

https://wp.me/p2wk1m-1Mu

Le bleu du caftan, de Maryam Touzani (2023)

19 mercredi Avr 2023

Posted by labibliothequeroz in Cinéma 2023

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Chronique, cinéma, Homosexualité, Maroc

Dans une petite ville marocaine, à notre époque, Halim et Mina, mariés depuis longtemps, sans enfants, tiennent une boutique de confection de vêtements traditionnels.

Halim est tailleur-brodeur, spécialisé dans la confections de caftans artisanaux. Son travail d’orfèvre, au niveau des broderies, est très demandé et il croule sous le travail. Il passe son temps à travailler dans le petit atelier attenant à la boutique, tandis que Mina s’occupe de l’accueil des clients et de la gestion.

Caftan marocain

Halim a appris le métier par son père et n’ayant pas d’enfant, il souhaite transmettre son savoir-faire traditionnel et avoir un peu d’aide. Il trouve enfin un apprenti très motivé par ce métier qui n’intéresse plus vraiment les jeunes.

Le jeune Youssef va ainsi entrer dans la vie de Mina et Halim. Discret, doux et motivé, il va pourtant faire rejaillir un secret bien gardé du couple qui s’aime pourtant tendrement et profondément depuis toujours : l’homosexualité d’Halim.

La vie d’Halim et de Mina va être chamboulée par l’arrivée de Youssef dans leur quotidien, mais également par la santé fragile de Mina qui va vasciller.

J’avais parlé il y a peu du film « Adam » de la même réalisatrice, film que j’avais adoré.

Adam, de Maryam Touzani

On retrouve ici la patte fine et sensuelle de Maryam Touzani dans la composition de son film : photographie et plans très soignés, jeux de regards et de silences, longs zooms sur les grains de peau, textures des tissus, fils, sur les mains les travaillant, sur les broderies sublimes. J’aime beaucoup la sensualité qui se dégage des films de Maryam Touzani, elle témoigne d’une grande  tendresse pour son pays, c’est très beau.

La thématique de l’homosexualité et de la difficulté à pouvoir l’assumer dans la société marocaine est très bien traitée, avec finesse et sobriété, sans aucune exhibition.

Ce qui ressort surtout de ce film, c’est l’amour, la gentillesse et la tendresse de trois personnages qui vont surmonter ensemble, très dignement, un evènement très très difficile, mais je n’en dis pas plus.

J’ai aimé ce film mais j’aurais aimé l’adorer. En effet, les deux éléments principaux qui vont guider son intrigue (l’attirance entre Halim et Youssef et la santé précaire de Mina) sont posés dès le début, ce qui m’a rendu le scénario plus que prévisible et ne m’a apporté aucune surprise, et même parfois de l’ennui. C’est mon petit bémol. Mais l’esthétique du film et sa manière de traiter de l’amour sous toutes ses formes et dans toutes ses composantes compense largement.

NB : J’inscris ce film dans le cadre du défi « Printemps des artistes » organisé par le blog « La bouche à oreilles », en rapport avec l’art de confectionner les caftans traditionnels que possède Halim, les sublimes et nombreux travaux de broderie présentés.

https://wp.me/p2wk1m-1Mu

Blabla du lundi | 17 avril 2023

17 lundi Avr 2023

Posted by labibliothequeroz in blabla lecture du lundi

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blabla, cinéma, Japon, lecture, livre

Jardin des Tuileries, samedi matin.

Bonjour ! Bon lundi ! Belle semaine !🌼

La semaine dernière, j’ai englouti le tome 1 de la saga des Cazalet. J’ai adoré passer du temps avec cette famille élargie et ses employés à Londres et dans leur maison de campagne dans le Sussex, à l’aube de la seconde guerre mondiale. C’est aussi bon que la série Dowtown Abbey, mais en mieux car bien plus de détails à l’écrit. J’ai hâte de lire la suite, de les suivre durant la seconde guerre mondiale.

J’ai ensuite repris la lecture de « On s’y fera » de Zoyā Pirzād, mais j’ai fini par abandonner. C’est l’histoire d’une femme célibataire qui tient à Téhéran une agence immobilière et qui doit en plus gérer les excentricités de sa mère et la crise d’adolescence de sa fille qui veut aller vivre en France.

Les personnages féminins hystériques, névrosés ou immatures m’agaçaient fortement et leurs petites histoires ne m’intéressaient pas du tout. En plus, l’écriture est truffée de plein de minuscules détails qui n’apportaient absolument rien au récit et j’étais perdue dans les noms, du coup, c’est rare que ça me fasse ça, mais il fallait que je lise parfois une phrase plusieurs fois pour bien recontextualiser, une torture, donc stop. Je recommande les nouvelles de cette auteure, notamment « le goût âpre des kakis », mais pas forcément ce roman.

J’ai pu retourner faire un petit tour à Paris comme le montre la photo, j’attendais ça depuis des semaines, quel bonheur. Après une régalade de gyozas et de soupe ramen, j’ai fait un tour à la librairie japonaise où j’ai fait une petite razzia de stickers japonais. J’ai aussi acheté un roman policier japonais d’un auteur très connu à priori, que je ne connaissais pas du tout, Keigo Higashino, j’ai eu envie de découvrir, je l’ai commencé hier et c’est vraiment très bien.

Sinon, j’ai vu deux films bien chouettes au cinéma, je n’en dis pas plus, j’essaie de faire très vite un billet pour en parler.

Et vous, votre semaine ?

Adam, de Maryam Touzani

07 vendredi Avr 2023

Posted by labibliothequeroz in Cinéma 2023

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cinéma, Feminisme, Maroc

La semaine dernière, j’ai vu ce très beau film, sorti en 2019, de la réalisatrice marocaine Maryam Touzani.

Dans les premières scènes, une adolescente enceinte erre seule dans les rues de la Médina de Casablanca.

Avec sa longue tunique, son joli foulard autour des cheveux, ses rondeurs, son sac de sport à l’épaule indiquant bien la notion de passage, sa démarche ralentie, son grand regard vif, optimiste et déterminé malgré sa situation de détresse, elle (l’actrice Nisrin Erradi) est sublime et crève l’écran. Elle cherche du travail pour pouvoir manger et s’abriter. Personne ne lui tend la main, elle est rejetée,  considérée comme une moins que rien qui a fauté et a bien cherché la situation dans laquelle elle se trouve.

Alors que dans la nuit très agitée de la Médina, où les hommes font la fête, elle somnole sur un pas de porte. La femme habitant juste en face, qui l’a rejetée quelques heures auparavant, a peur pour elle. Elle lui propose de l’accueillir pour la mettre en sécurité. Juste une nuit.

Cette femme (l’actrice Lubna Azabal, excellente) tient une minuscule échope de pains et élève seule sa petite fille. Elle a du mal à joindre les deux bouts. Elle est très sèche et très méfiante, on sent qu’elle aussi a une histoire difficile.

Après bien des remous, une relation d’amitié et de soutien va se nouer entre les deux femmes, au fur et à mesure que la méfiance va s’estomper et que les histoires personnelles vont pouvoir un petit peu se dévoiler.

On va suivre les quelques semaines où les deux femmes vont s’apporter mutuellement dans le franchissement d’étapes de vie non choisies et difficiles : un accouchement immédiatement suivi d’un projet d’abandon pour l’une, une perte traumatique et la difficulté à s’ouvrir de nouveau à la vie et à l’amour pour l’autre. Au milieu, facilitatrice de ce soutien mutuel, une adorable petite fille pleine de vie et de malice.

J’ai beaucoup aimé ce film qui raconte la relation furtive de personnes qui ne seront plus amenés à se voir ultérieurement, mais dont l’intensité de la rencontre marquera sans doute la vie de chacune.

J’ai apprécié ces profils de femmes fortes et dignes qui se débattent avec beaucoup d’intelligence dans un monde traditionnel à la pensée étriquée où sortir du rang apporte forcément mise à l’écart et mépris : une femme qui reste célibataire et tient sa petite entreprise, une autre qui attend un enfant hors mariage. C’est très mal vu, les femmes seules dans la société traditionnelle marocaine, même de nos jours.

C’est un drame sociétal simple et puissant, présentant deux portraits de femmes traversant des tempêtes dans leurs vies et s’apportant mutuellement, deux femmes qui tentent de décider seules malgré les pressions fortes de leur société.

La mise en scène est très agréable, axée sur les couleurs (des maisons dans les petites rues de la Médina, des tissus, du mobilier, des aliments…). On peut presque sentir les textures des étoffes, les saveurs des plats préparés par les deux femmes, des pains, crêpes et pâtisseries qu’elles pétrissent, cuisent et vendent, miam.

Tout contribue à montrer le petit cocon qu’elles se constituent pour se protéger de la ville bouillonnante et de cette société piégeante, jugeante, que pourtant elles adorent. Les gestes, regards, mimiques, sourires, sont filmés de façon très fine, faisant immédiatement comprendre les émotions des personnages.

J’ai été charmée par ce film résolument féministe sans revendication ostentatoire. Un film qui montre la vie, tout simplement, ça j’aime.

En salle passe actuellement le nouveau film de Maryam Touzani,  » Le Bleu du Caftan » et j’ai vraiment hâte d’aller le voir, si tout va bien dans quelques jours, j’attends ça avec beaucoup d’impatience !

Bon week-end de Pâques !🌸

Blabla lecture du lundi | 3 avril 2023

03 lundi Avr 2023

Posted by labibliothequeroz in blabla lecture du lundi

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blabla, cinéma, lecture

Bonjour ! Bon mois d’avril !

Page inaugurant avril dans mon carnet de collages

La semaine dernière, j’ai énormément lu.

Déjà parce que ma convalescence m’en laisse tout le loisir, mais aussi parce que tout plein de livres qui m’intéressent m’attendent près de mon fauteuil, et aussi parce que je n’ai pas du tout eu envie de tricoter la semaine dernière (mais ça y est, c’est revenu, çà cliquète à fond sur mes aiguilles depuis hier).

Bref, la semaine dernière, j’ai lu ce gros roman de plus de mille pages au sujet duquel j’ai publié hier un billet, « Le Prince des Marées », de Pat Conroy. C’était génial.

Je suis en plein dans la lecture du dernier roman d’Alice Ferney, « Deux innocents », et il est vraiment bien. Contente de retrouver la plume de l’auteur et surtout, elle interroge dans ce roman un sujet très intéressant et qui me parle beaucoup du côté pro : la place de l’affectif quand on travaille avec des personnes en grande difficulté, ainsi que la question de la distance. Super sujet de roman.

J’ai également vu un très beau film marocain, « Adam », de Maryam Touzani, il film qui était sorti en 2020. J’adore le travail de cette réalisatrice. Son dernier long métrage, »Le bleu du caftan », vient de sortir en salle et je n’espère qu’une chose, c’est qu’il y soit toujours au moment où moi je pourrai retourner voir des films en salle🙏.

Je ferai un billet sur le film « Adam » cette semaine.

Et vous qu’avez vous lu, entendu, vu, de chouette la semaine passée ?

Belle semaine !🌸

Parasite, de Bong Joon Ho (Palme d’Or 2019)

30 jeudi Mar 2023

Posted by labibliothequeroz in Cinéma 2023

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cinéma, film

J’avais oublié de venir parler ici de ce film génial vu il y a une bonne dizaine de jours, dites-donc…

Hop…

Une famille très pauvre, le père looser en jogging, la mère ex-lançeuse de poids qui fait du crochet (j’adore!) et leurs deux jeunes adultes au chômage, vivent à Séoul dans un appartement insalubre en entresol. Ils vivent de débrouille, sont joyeux, pas méchants, intelligents mais un peu feignants, très touchants, et on sent qu’ils s’aiment, que c’est une famille unie.

Pour gagner un peu d’argent, ils vont jouer les usurpateurs et subtilement, grâce à une petite occasion, vont s’immiscer dans la vie d’une famille très aisée de Séoul qui vit dans une sublime maison d’architecte, où se déroulera quasiment tout le film, qui est presque un huis-clos.

Le fils devient le professeur particulier de la fille aînée, la fille professeur de dessin du petit dernier pour lequel la mère, névrosée, a décrété un grand talent d’artiste et une voie toute tracée dans ce domaine.

Le frère et la soeur, les prétendus profs, donc, vont s’arranger pour virer la gouvernante et le chauffeur et placer leur père et leur mère.

C’est rigolo, chacun fait finalement très bien son job, ils font semblant de ne pas se connaître si jamais ils se croisent dans la maison.

Les revenus de la famille s’améliorent, la famille employeuse est satisfaite de leurs prestations, mais on sent bien que ça ne va pas s’arrêter là, qu’un truc va déraper, que ça va exploser. On ne sait pas quoi, on ne sait pas de qui, de quoi, d’où, mais on sait que ça va nous tomber dessus. Tout dans la mise en scène et le rythme nous l’indique, c’est palpitant, et c’est pas du tout le moment que ta connection internet te lâche, comme ça me l’a fait, mammamia c’était le parfait drame frustrant, mais bon c’est revenu assez vite, ouf.

D’un coup, bing, le ton change. Un secret est découvert et paf, la seconde partie vire au thriller. Puis à l’horreur. Tout en gardant son faux-air de comédie et en renforçant le drame social autour de la différence de classes sociales. Une sacrée réussite, ce mélange des genres. Un vrai régal.

Le scénario est passionnant, avec tout plein de retournements inattendus et absolument impossibles à anticiper. Du grand art.

Les plans sont magnifiques, la photographie parfaite, les acteurs excellents. Il y a tout ce que j’aime dans ce film : de la profondeur, des images superbes, de l’inattendu, un peu de folie, des messages subtils à deviner plutôt de l’émotion larmoyante toute faite à tire-larigot.

J’ai eu l’impression d’un Hitchcock mêlé de Chabrol, deux de mes chouchous, saupoudré d’une délicieuse poudre coréenne et de piment bien trash.

J’ai adoré.

L’avez-vous vu ?

« chronique d’une liaison passagère », d’Emmanuel Mouret (2022)

23 jeudi Mar 2023

Posted by labibliothequeroz in Cinéma 2023

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cinéma, film

Privée de sortie ces temps-ci, je rattrape grâce aux plate-formes numériques les films que j’avais loupés en 2022. J’ai enfin vu le dernier film d’Emmanuel Mouret, et je me suis régalée.

Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Peu à peu ils se surprennent par la complicité naturelle et la légèreté qui se développe entre eux. Ils s’engagent à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux. Plus facile à dire qu’à faire.

Comme le titre l’indique, il s’agit à la base d’une romance, genre que je n’aime pas du tout, aussi j’avais pas mal d’a priori sur ce dernier film d’Emmanuel Mouret. Je suis toutefois entrée de suite dedans, grâce à la légèreté mêlée de subtilité qui se dégage tout de suite de ce film. Il traite toute en finesse et avec humour de la question de la liberté, et çà m’a bien plu.

Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne sont très beaux et très vrais dans leurs rôles respectifs. Elle très libre, ayant décidé de ne plus se soucier de rien sauf de son plaisir, lui hésitant, peu à l’aise par rapport à sa femme, mais redécouvrant joie et liberté. On sent que les deux acteurs prennent beaucoup de plaisir et d’amusement à jouer dans ce film constitué de plein de petites saynètes tendres et comiques, se déroulant au fil des saisons.

C’est un film simple, assez épuré au niveau des dialoques et de la musique, laissant parler les gestes et les corps, vraiment c’est très bien fait.

C’est l’histoire d’une belle rencontre éphémère mais très marquante dans les trajectoires de chacun, une histoire amusante comme la vie, malgré ses élans positifs mais aussi ses coups de poing.

Un film comme un joli petit menuet qui nous embarque, forme un tout, une jolie boucle et nous débarque ébouriffés, un bien chouette tour de manège, on en redemande.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce film simple et intelligent qui montre combien la vie peut être douce, simple, en inventant et réinventant le désir et le lien.

L’avez-vous vu ?

Douce journée !🌸

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