
L’histoire se déroule à Séoul, dans les années 90.
Yujeong est une jeune femme très fragile issue d’un milieu favorisé. Elle entretient une relation très difficile avec sa mère, imperméable aux émotions et à la sensibilité de sa fille.
Yujeong ne s’entend qu’avec sa tante, une femme libre et indépendante comme elle, qui s’est éloignée de cette famille rigide en devenant religieuse.
Après une nouvelle tentative de suicide de Yujeong, sa tante persuade la famille de ne pas la faire hospitaliser, mais de la laisser l’accompagner dans ses visites à la prison de Séoul. Elle visite en effet les condamnés à mort, qui attendent leur exécution dans des conditions extrêmement difficiles.
Yujeong va ainsi rencontrer Yunsu, un jeune homme condamné à mort pour un triple meurtre.
Réticente et pleine d’à-prioris au début, Yujeong va peu à peu s’ouvrir à elle-même et à la rencontre de ce jeune homme dont elle ne connait rien, si ce n’est qu’il a eu une vie très difficile.
Mais nous, lecteurs, découvrons au fur et à mesure de la lecture cette vie faite de misère et d’extrême violence dans laquelle Yunsu a dû nager. En effet, un chapître sur deux est constitué d’extraits du cahier où il a rédigé son histoire atroce mais palpitante.
Cette construction du roman le rend très addictif. L’attachement aux personnages monte progressivement, au fur et à mesure où la relation devient importante pour l’un comme pour l’autre, chacun apportant à l’autre un éclairage sur sa propre vie et ses plaies.
L’intrigue est centrée sur l’évolution de cette relation décisive qui forcément va cesser, ainsi que sur la découverte des éléments de vie de Yunsu et de ce qui l’a amené à se retrouver dans le couloir de la mort.
C’est un roman très fort, traitant de façon remarquable et engagée de deux thématiques peu aisées : la peine de mort et les carences affectives dans l’enfance. Ceci sans jamais tomber dans le pathos, le drama, ou le jugement, une vraie réussite.
Le roman aborde également de façon passionnante les notions de vengeance et de pardon ainsi que la condition de bascule de l’une vers l’autre.
La plume est fluide, très maîtrisée, les personnages fouillés, l’histoire entretient un suspens jusqu’au bout. C’est une histoire triste, difficile, et lumineuse à la fois par les enseignements sur la vie qu’elle apporte.
Ce roman est paru en 2005 en Corée du Sud. Il a connu un grand succès et a joué un rôle dans la décision du gouvernement de mettre un terme aux exécutions des condamnés à mort, sentence qui pourtant est à-priori encore prononçable bien que les exécutions aient cessé depuis 1997.