Je voulais pas la louper, cette rétrospective de l’oeuvre de Germaine Richier, qui se déroule jusqu’au 12 juin au Centre Pompidou à Paris. J’ai pu y aller ce samedi, ouf.
Le travail de cette artiste m’a fascinée. Passionnée depuis son enfance par la nature et les insectes, elle développera des sculptures mi-humaines mi-animales et parfois mi-monstrueuses très originales, bourrées d’humanité et de force. Celles créées juste après la seconde guerre mondiale, durant laquelle elle s’était réfugiée en Suisse, pays de son mari, sont particulièrement impressionnantes.
Germaine Richier développera également des oeuvres mêlant plusieurs matières, comme le bois flotté et l’argile, ou le bronze et des éclats de verre relevant l’oeuvre comme un vitrail. J’étais trop absorbée, pas pensé à les photographier.
Travailleuse insatiable, atteinte jeune d’un cancer, elle ne pourra plus sculpter dans les derniers mois de sa fin, n’en ayant plus la force. Elle prend alors le pinceau et la fin de l’exposition présente quelques unes des toiles qu’elle a réalisées juste avant son décès, des toiles très touchantes.
J’ai vraiment aimé découvrir l’ensemble de l’oeuvre de cette grande artiste qui a marqué le début de la sculpture moderne.
Après un café matinal au jardin des Tuileries, puis un très bon film au ciné traitant lui aussi d’art et de sculpture (j’en parle très vite), c’était une virée parisienne solo comme je les aime, bien régénérante.
En ce moment au Centre Pompidou de Paris se tient une petite exposition moins fréquentée que celles qui tiennent le haut de l’affiche. Elle présente le parcours et les oeuves du peintre indien Sayed Haider Raza (1922-2016), figure majeure de l’art moderne indien.
Je ne connaisais pas du tout ce peintre, pas même de nom, j’adore découvrir de nouveaux peintres, alors zou j’avais réservé un billet.
Je n’ai pas du tout été déçue de ma visite. J’ai été fascinée par ces peintures très modernes mêlées d’une touche très « indienne » par leurs couleurs flamboyantes. Une quantité incroyable d’oeuvres est présentée, beaucoup prêtées par des musées indiens. Je me suis régalée.
Rue de Bombay. Aquarelle de jeunesse, lorsqu’il était étudiant à la Sir J.J. School of Arts de Bombay (école gérée par les anglais) où l’enseignement était très académique et les nus à peine tolérés.Premières peintures de France, qu’il visitera beaucoup lorsqu’il s’y installera (il est venu initialement en France à l’occasion d’une bourse).Travail de plus en plus abstrait, sous l’influence de l’École de Paris.Abstraction totale. J’ai adoré. Les couleurs flamboient grâce aux blancs et aux noirs.Dans les années 80, retour aux sources, il retourne régulièrement en Inde, ses toiles changent complètement, il s’inspire des peintures miniatures rajputes en vogue du XVIè au IXXè. Très beau, mais mes peintures préférées sont ses grandes toiles abstraites dans lesquelles c’est une sacrée expérience de se plonger.
Et voilà pour la petite balade artistique ! Franchement, si vous passez dans le coin avant le 15 mai, je recommande cette expo qui en met plein les yeux.
S.H. Raza dans son atelier, dans les années 60.
J’inscrits ce billet dans le cadre du défi « Printemps des artistes » organisé par le blog « La bouche à oreilles », dont voici le lien :
Travaillant dans le secteur du handicap et adorant la peinture, je ne pouvais pas louper cette exposition, j’avais bien hâte d’y aller pour découvrir plus en profondeur l’artiste.
Mais l’exposition a énormément de succès et est prise d’assaut depuis son ouverture. J’ai eu bien du mal à avoir une place (réservée en novembre pour février 😱). D’ailleurs l’exposition est complète jusqu’à la fin. Bref, j’y suis enfin allée ce samedi 18 février.
Les effets personnels de Frida Khalo avaient été mis sous scellés lorsqu’elle est décédée en 1954, par son mari le peintre muraliste mexicain Diego Rivera. Ils ont été redécouverts cinquante ans plus tard, en 2004, parfaitement conservés.
En collaboration avec le Museo Frida Kahlo de Mexico, l’exposition rassemble plus de 200 objets provenant de la Casa Azul, la maison où Frida Khalo est née et a grandi : vêtements, correspondances, accessoires, photos, dessins,cosmétiques, médicaments, prothèses médicales…
Dessin, autoportrait.
Cette exposition présente notamment les robes traditionnelles Tehuana que portait l’artiste, souvent en contraste avec des chemisiers occidendaux, créant ainsi son style si particulier.
On y admire également les colliers précolombiens que Frida Khalo collectionnait et adorait porter, ses châles, les bagues dont elle ornait chacun de ses doigts vernis, c’était fascinant de voir tout çà.
Ses accessoires de coiffure pour la coiffure traditionnelle qu’elle avait choisi d’adopter et qui devait demander tant de travail chaque jour.Les mains de Frida Khalo, photographiées par Gisèle Freund.
On peut également admirer les petites poupées qu’elle aimait coudre, ses livres, ses bijoux, ses dessins dans ses carnets, ses flacons de médicaments, de parfums ou de vernis à ongles, certains objets de décoration de sa maison, tout son petit univers quoi. On a l’impression qu’elle est là, tout près…
Une petite poupée cousue par Frida Khalo.
L’exposition présente aussi nombre de ses corsets et de ses prothèses orthopédiques décorés parfois de sa main, et même la prothèse de jambe après son amputation vers la fin de sa vie. Ça, j’ai beaucoup moins aimé. C’est intime, çà m’a gênée de voir ces objets témoignant d’une vie difficile, elle qui tenait tellement à masquer son handicap par ses tenues. Je ne peux m’empêcher de me demander si elle aurait aimé que le public voie ces objets médicaux qui accompagnaient son quotidien.
Les objets sont présentés en alternance avec des films, photographies, lettres, quelques esquisses ou tableaux de l’artiste, le tout permet une vraie immersion dans son intimité, une plongée dans sa personnalité et nous fait découvrir sa joie de vivre, sa résilience, malgré une vie marquée par le handicap et la douleur physique.
Frida Khalo photographiée à New-York, en 1946. Elle était venue pour une intervention chirurgicale du dos.
C’est à la suite d’un grave accident de tramway lorsqu’elle avait 18 ans et était étudiante, qui a occasionné de nombreuses opérations, que Frida Khalo se consacre à la peinture. Elle commence d’ailleurs à dessiner sur son lit d’hôpital, des supports spéciaux lui seront aménagés pour qu’elle puisse dessiner allongée.
C’est à la même époque qu’elle adopte le vêtement traditionnel d’une tribu de son pays, qui lui permet d’affirmer sa « mexicanité », elle qui était fille d’une mère mexicaine et d’un père d’origine allemande. Ce choix de tenue lui permet aussi de composer avec son handicap, la longue jupe masquant sa jambe droite mutilée, tout en affirmant son héritage culturel mais aussi ses engagements politiques forts.
J’ai particulièrement aimé contempler sa collection d’ex-voto mexicains, dont son salon était rempli, des oeuvres populaires qui ont énormément influencé sa peinture très spéciale et onirique.
J’ai adoré contempler ses tenues, ses robes traditionnelles si colorées, qu’elle raccommodait elle-même, où on voit encore parfois des traces de peinture.
Une exposition très immersive, très bien conçue et passionnante, qui permet de rentrer dans l’intimité de l’artiste et permet de vraiment saisir le développement de son identité et sa personnalité.
[Par ailleurs, les salles ne sont pas bourrées à craquer, le visiteur est respecté, ce n’est pas comme dans certaines expositions où je suis allée récemment et qui m’ont tellement énervée par l’attente malgré une réservation ainsi par la foule oppressante, que je n’ai pas tu tout eu envie de partager ici, fin de la râlerie!].
Bref, une chouette expo, hormis les prothèses qui personnellement m’ont mise mal à l’aise pour l’artiste.
Ce week-end j’ai pu me rendre au Musée d’Orsay, un musée que j’adore et où je n’avais pas mis les pieds depuis un bail.
Jusqu’en septembre, le musée présente une rétrospective Berthe Morisot, la seule femme peintre ayant contribué au mouvement impressionniste. Et très avant-gardiste…
Extraits d’un article de « Radio Classique », si vous voulez en savoir plus…
Elle fut – tout autant que Monet, Renoir, ou Degas ses amis – une des fondatrices de l’impressionnisme, (…) une artiste que son statut de femme a reléguée au deuxième plan de l’Histoire de l’art, alors même qu’elle fut celle qui poussa le plus loin ses recherches sur le « non-fini », sur l’art de capturer l’éphémère.
Née dans une famille bourgeoise, Berthe reçoit une éducation soignée : comme souvent les filles de bonne famille, elle prend des cours de peinture avec ses sœurs, notamment Edma. Les deux jeunes femmes sont douées, et suscitent l’admiration de leurs professeurs. Elles vont au Louvre copier les maîtres, (les femmes jusqu’au début du XXe siècle n’étaient pas admises à l’Ecole des beaux-arts), reçoivent l’enseignement de Corot, se lient avec Degas, Fantin-Latour et Manet, qui devient un ami proche de Berthe et la peindra 14 fois.
(….)
Mais au IXX ème siècle, les femmes sont avant tout destinées à être de bonnes épouses. Edma rentre dans le rang. Elle devient la femme d’un lieutenant de marine et renonce à peindre. Berthe, elle, s’obstine, et se refuse à rendre les armes et les pinceaux. La peinture l’obsède. Elle se marie aussi, sur le tard, mais choisit Eugène Manet, le frère d’Edouard (son amant semble-t-il, selon une visiteuse croisée…). Eugène la laissera libre de s’adonner à son art et de signer ses toiles de son nom de jeune fille. Elle qui n’avait pas besoin de gagner sa vie mettra toujours un point d’honneur à ce que ses toiles soient vendues, pour affirmer publiquement qu’elle était une peintre professionnelle.
Ses tableaux représentent pour la plupart des femmes saisies dans leur intimité : scènes de toilette, promenades dans des jardins vert tendre… Des scènes que les critiques ont qualifiées de façon un peu condescendante d’aimables. A y regarder de plus près, ces toiles sont pourtant moins riantes qu’il n’y parait : les femmes représentées s’ennuient souvent, le regard vague, comme si elles rêvaient à autre chose. Ou alors, elles sont sur des seuils, prêtes à s’échapper des intérieurs où on les cantonnait alors.
Une citation de Berthe « Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égale à égal, et c’est tout ce que j’aurais demandé. Car je sais que je les vaux.”
Quand elle mourut d’une maladie pulmonaire à 54 ans, son certificat de décès portait la mention « sans profession ». Pourtant, elle laissait derrière elle plus de 400 toiles…
Je suis allée visiter le musée Gustave Moreau, où a vécu l’artiste et où il avait son atelier. Il a peint de sublimes tableaux monumentaux (je suis pas adepte du style académique classique et nulle en mythologie mais là j’ai apprécié la créativité et l’originalité des détails ainsi que les couleurs).
Parquets qui craquent, petites pièces cosy avec jolies tentures, tableaux, faïences, bibelots à foison, ambiance feutrée, j’ai adoré.
Et en sortant de là, avant de prendre mon train, je me suis régalée avec un bimbimbap. Depuis le temps que j’entendais parler de ce plat coréen servi dans sa cocotte en fonte bien chaude…c’était très bon.