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Archives de Catégorie: chronique lecture

Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu (prix Goncourt 2018)

22 dimanche Mai 2022

Posted by labibliothequeroz in avis de lecture, chronique lecture, lecture, littérature française, livre, roman, roman contemporain

≈ 11 Commentaires

La pivoine est en fleurs !🙏🌸💕

Années 90. Une petite ville de l’est de la France désertée industriellement.

Le chômage, la résignation, la débrouille, la téloche, Intervilles, les boulots au black, pour beaucoup le rêve de partir ailleurs, certains chanceux décrochent de petits emplois au riche Luxembourg voisin.

Anthony a 14 ans, un oeil de traviole, un père aimant mais alcoolique, une mère qui s’ennuie, supporte et couvre, Anthony a des difficultés au collège. 

On va suivre Anthony durant quatre étés. Il va découvrir la réalité de sa vie et de son avenir probable, tuer son ennui et sa rage dans le cannabis et l’alcool, se faire casser la gueule, faire ses premières expériences sexuelles, tomber amoureux de Steph, fille d’un notable, amour impossible, école privée/école publique, rêves pourtant identiques, les deux s’attirent et se repoussent, à peine 16 ans et ils se résignent déjà à leur condition respective. Belle description de la distinction des classes sociales, toujours tellement d’actualité, çà se croise mais ne se mélange pas. 

Le destin d’Anthony et celui de Steph seront passionnants, de ce point de vue en plus de leur personnalité. Ceux de tous les autres personnages également. C’est un vrai page-turner, on ne veut plus quitter les personnages, on vibre pour eux.

« Leurs enfants après eux », c’est une odyssée sociale foisonnante, une plongée réaliste dans la vraie vie, c’est le désarroi et les joies de cette petite ville, les bars remplis, les jalousies, les petits trafics de drogue, les jeux d’arcade, la glande sur les places vides les après-midi de canicule, les voyages et aventures au lac voisis, les fiestas dans les baraques des ados riches où on s’incruste, les barbecues au lac pour les plus pauvres, les enterrements des ex-salariés des hauts-fourneaux qui ont fini alcooliques, les adultes résignés et les jeunes, paumés, qui se coulent dans leur destin ou se surpassent pour s’extraire, de façon légale ou non.
C’est le récit vrai d’une époque, tant sur le plan économique que sur le plan sociétal, une immersion totale dans les 90’s vécues par les quarantenaires dont je suis (encore un petit peu !), c’est Kurk Cobain, les rêves, les Beach Boys, la Mano Negra, les Gauloises, les ZUP, les 205, le Picon-bière, les fêtes foraines, le début des zones commerciales, les jambons-beurre et les scooters, les feux de camp, la coupe du monde qui réunit et met en transe. On sent que l’auteur a vécu cette époque et ce qu’il décrit, la post-industrialisation, qu’il est fier d’avoir fait partie de ce monde, j’ai pressenti un grand amour pour l’être humain dans l’écriture de Nicolas Mathieu, et puis une capacité d’analyse extrêmement fine, bref un superbe regard. Cela rend l’immersion très profonde et vraie et les personnages magnifiques, quels que soient leurs défauts ou leurs choix.
Nicolas Mathieu croque admirablement les petites gens comme les élus ou notables ambitieux, sans jugement, avec beaucoup de tendresse. Il nous raconte là, du point de vue humain, le point de jonction entre la société industrielle et celle de la consommation, c’est original, vrai et très intéressant. De la sociologie mêlée d’histoires de vie, le combo que je préfère en littérature, quand en plus la plume est entraînante et naturelle, çà en fait un coup de coeur.
J’ai beaucoup apprécié la jolie nostalgie qui se dégage de ce roman, mais surtout, surtout  que le récit ne tombe pas dans la dénonciation, la prise de positions voire l’engagement politique, Nicolas Mathieu s’en garde bien, il raconte juste, la seule mission selon moi d’un écrivain, c’est parfait et bien plus percutant, et surtout çà fait du bien, dans notre drôle de société actuelle où tout le monde (enfin beaucoup…) donne son opinion sur tout sans qu’on lui demande.
Je me demande comment j’ai fait pour passer à côté de ce prix Goncourt 2018 depuis tout ce temps. Son dernier roman qui vient de sortir,  » Connemara », est déjà acheté, bing, et va être vite dévoré.

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Maïmaï, l’ombre du chardon, d’Aki Shimazaki (2020)

18 mercredi Mai 2022

Posted by labibliothequeroz in chronique lecture, litterature asiatique, livre

≈ 6 Commentaires

Fraîchement sorti en France, le 4 mai, hop j’ai foncé, j’adore cette auteure.
Tarô est un jeune homme sourd-muet, artiste-peintre et mannequin, qui vit seul dans son petit appartement à Nagoya.

Il a été élevé par sa mère, une femme très indépendante, au tempérament fort, aimant lire, boire, fumer, qui tient une boutique de livres scientifiques d’occasion, et par sa grand-mère, une femme célibataire tendre et aimante, pleine d’humour, qui a toujours tenu avec amour la maisonnée pour sa fille et son petit-fils. 

Les deux femmes vivent toujours ensemble et Tarô vit pas très loin de la maison-boutique familiale. Il est très lié à sa mère et à sa grand-mère, qui l’ont beaucoup soutenu dans ses études et la gestion de son handicap, tout en favorisant son indépendance.  
Tarô est un « half », nom donné aux personnes métis au Japon. Il n’a pas connu son père, un espagnol décédé accidentellement juste avant de savoir qu’il allait être père, lui a expliqué sa mère. 
La vie coule agréablement et doucement pour cette petite famille singulière et touchante. Tarô s’apprête à annoncer aux deux femmes sa relation avec une jeune fille, mannequin tout comme lui, qu’il fréquente depuis plusieurs mois. 

Il a longtemps hésiter à leur en parler, malgré une certaine pression qu’elles lui mettent sur cette question, parce qu’il n’est pas bien sûr de vouloir s’engager plus avec cette petite amie.
Un matin, Tarô reçoit un appel paniqué de sa grand-mère. Sa mère est décédée dans son sommeil durant la nuit. Tarô va gérer les obsèques, soutenir sa grand-mère et s’installer auprès d’elle. Il décide de faire de la librairie son atelier et de se consacrer essentiellement à sa grand-mère et à la peinture. 
En rangeant les affaires de sa mère, Tarô va découvrir des pans de sa vie qu’il ne pouvait imaginer, que va lui expliquer sa grand-mère, en plus de lui révéler de gros secrets. 

Et puis Hanako, l’amie d’enfance de Tarô, qu’il n’a pas vue depuis près de 20 ans mais qu’il n’a jamais oubliée, vient lui présenter ses condoléances.

Ils étaient très liés jusqu’à leurs 7 ans, la mère d’Hanako venait acheter des livres à la boutique et Tarô et Hanako étaient devenus inséparables. Jusqu’au déchirement, lorsqu’Hanako avait dû partir en Europe, son père étant diplomate.

Le lien entre Hanako et Tarô reprend comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, chamboulant complètement la vie affective de Tarô qui va enfin trouver un amour absolu et partagé, mais qui va, au fur et à mesure de certaines découvertes sur son histoire familiale, se retrouver piégé…
J’ai adoré retrouver la plume très délicate, épurée, fluide, hyper apaisante, d’Aki Shimazaki, auteure japonaise vivant à Montréal, qui écrit en français. Son écriture est si douce et rafraîchissante, çà se boit comme du sirop d’orgeat frais, c’est un vrai régal.
Aki Shimazaki nous offre ici une plongée captivante dans une famille japonaise de notre époque, une famille heureuse malgré sa singularité et ses épreuves. 

Les bons petits plats traditionnels cuisinés par la grand-mère effleurent les narines, comme sa soupe miso, ses hiyashi-chûka (nouilles de sarrasin froides aux légumes assaisonnés, plat d’été, délice suprême), les tatamis crissent sous les pieds, on sent la chaleur humide du mois d’août japonais dans les rues, la fraîcheur des tissus des yakutas dans lesquels on s’enveloppe le soir, on perçoit le coulissement du bois fin des placards où sont rangés les futons en journée, bref l’écriture est très sensuelle, pleine de vie, très très immersive et çà fait un bien fou. 

Les personnages sont originaux mais simples, touchants, emplis de joie, c’est un bonheur de passer du temps avec eux.

Aki Shimazaki sait entretenir un petit mystère sur ce qui va arriver aux personnages, sur ce qu’ils vont découvrir et devoir affronter. C’est une réalité tragique qui vient frapper Tarô, mais l’auteure sait le traiter sans aucun pathos, tout en délicatesse, avec recul et sérénité.
C’est un très beau roman sur l’amour et les secrets familiaux, si vous aimez le Japon et les histoires simples mais fortes, je vous le recommande chaudement.

Quant à moi, je file en librairie me procurer le début de cette saga, « l’ombre du chardon », dont Maïmaï est le 4è tome je crois, tant pis pour le budget, c’est une urgence, là….

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