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« J’étais heureux dans ce petit vallon. J’ouvrais ce cahier chaque matin et j’étais ébloui par la liberté que m’offrait la blancheur vierge de chaque page, comme je l’étais dans le silence de tous ces chemins. Libre de marcher, d’écrire, de rêver. Libre de ne penser qu’à l’oiseau, lorsque je regardais l’oiseau, de ne penser qu’à chaque pierre où je posais mon pied lorsque je gravissais les chemins ravinés qui mènent aux crêtes. Libre de ramasser un mot, n’importe où, de tripoter ce mot, de l’observer, d’en extraire de brefs ou longs voyages, des désirs et des peurs« .
Ah vraiment je remercie l’amie qui, il y a quelques semaines, m’a fait découvrir cet auteur, alors que nous flânions et nous pâmions dans les rayonnages d’une super librairie parisienne qu’elle me faisait découvrir (Le Divan, dans le 15è).
René Frégni, auteur marseillais, a été infirmier en psychiatrie avant de se mettre à l’écriture.

Depuis plusieurs années, il anime des ateliers d’écriture dans la prison d’Aix-en-Provence et aux Baumettes, rien que son profil m’attirait.
Le libraire le comparait à Giono et mon amie me recommandait chaudement de découvrir un jour l’auteur, alors hop j’avais acheté deux titres ce jour-là.
Je n’ai pas du tout été déçue. La plume de l’auteur est très belle, limpide, chargée de sensualité et de lumière, avec de belles réflexions, de somptueuses descriptions de la nature provençale, avec une appétence pour le beau, le simple, l’ordinaire. Une plume et une atmosphère délicieuses.
Mais de quoi çà parle ?
On suit René, écrivain, homme d’âge mûr, qui vit dans les collines provençales loin du tumulte des hommes dont il ne veut plus, aux côtés de sa compagne Isabelle, institutrice.
René marche beaucoup, se gorgeant de la nature sublime qui l’entoure, écrit dans son carnet, descend chaque matin à Manosque boire un café avec les habitués, histoire de humer un peu l’actualité et de socialiser.
Cette douce vie va être rompue par un coup de fil. Kader, un détenu dangereux, membre du grand-banditisme, que René a connu lorsqu’il animait des ateliers d’écriture en prison, le contacte. Il vient de s’évader, a toute la police de France aux trousses. Kader demande à René de le planquer.
René va se retrouver pris dans un engrenage très noir, transformant sa vie un enfer. En même temps qu’il va redécouvrir la notion d’amitié, il va découvrir la vraie solitude et cotoyer la folie.
Un roman noir absolument dingue sous une plume douce et très subtile, j’ai adoré.