Le mot islandais « ör » signifie « cicatrices », précise l’auteure. « Le terme s’applique au corps humain, mais aussi à un pays, ou un paysage, malmené par la construction d’un barrage ou par une guerre ».
Un trés court roman, 194 pages, lu en deux soirées cette semaine, d’une auteure finlandaise que j’apprécie beaucoup (son titre le plus connu est Rosa Candida mais tous ses romans sont extra).
Un homme, bientôt cinquantenaire, divorcé, ressent une crise profonde et envisage très sérieusement de se supprimer, il a déjà commencé à organiser ses affaires physiques et administratives en ce sens.
Ses échanges sociaux se résument à rendre visite à sa mère, ancienne organiste de grande renommée, qui vit en résidence de retraite, à boire de temps en temps un café avec sa fille, à écouter les digressions bizarres de son voisin collant sur le monde et le rôle des femmes.
Taiseux, il n’a parlé à personne de son désespoir. Il adore bricoler mais a cessé cette activité. Plus rien n’a de sens pour lui, sauf de percer un trou au plafond pour y suspendre une corde.
Afin d’éviter que ses proches ne retrouvent son corps, il décide de quitter l’Islande pour aller se supprimer dans un autre pays, avec pour tout bagage sa perçeuse et sa petite caisse à outils.
Il choisit un pays qui sort tout juste de guerre, non nommé, ce n’est pas important.
Il arrive dans un petit hôtel délabré qui vient de réouvrir, l’Hôtel Silence, dans une ville où tout est à reconstruire, où frères, amis, voisins se sont entretués.
Chaque survivant en garde des traces physiques ou psychiques, mais la communauté reprend sens pour avancer, parce qu’il n’y a pas le choix, qu’il est impossible de ressasser les horreurs vues ou subies, parce que les rescapés, même avec des membres ou des sens en moins, doivent recomposer et reconstruire, et vivre.
Accueilli avec méfiance au début (nombreux sont les occidentaux qui viennent piller les splendeurs archéologiques du pays ou bien se faire de l’argent en se lançant dans le business de reconstruction), il va naturellement trouver une place parmi ces personnes perdues qui se reconstruisent dans la débrouille, avec ce qu’elles ont.
Comme toujours, la plume d’Auđur Ava Ólafsdóttir est légère, précise et poétique. Les personnages sont originaux, souvent drôles, toujours touchants. L’auteure sait manier l’absurde pour dégager les aspects les plus sombres mais aussi les plus joyeux de l’humanité.
Une très jolie histoire pleine de vie et d’espoir, d’une très belle sensibilité, et porteuse de réflexions pertinentes, j’ai beaucoup aimé.
(il en manque un sur la photo, impossible de remettre la main dessus)
Par coup de cœur, j’entends les romans qui m’ont le plus marquée, remuée, transportée, scotchée au papier, par leurs histoires ou leurs personnages, par la plume de l’auteur et par l’ambiance générale. Il me faut tout çà en même temps pour que je qualifie un livre de « coup de cœur ». Ce sont des romans dont je vais me souvenir longtemps, qui resteront dans ma bibliothèque et ne partiront pas aux oubliettes, comme c’est le cas de la grande majorité de mes lectures, même celles que j’ai bien aimées, c’est d’ailleurs à la base pour me souvenir de mes lectures que je me suis mise à écrire des chroniques.
Voici donc mes 10 coups de cœur de cette année parmi les à peu près 80 livres lus. Je les présente sans aucun ordre de préférence, je les ai tous adorés.
L’écuyère, d’Ursula Kovalyk, une auteure slovaque. Ce roman raconte l’histoire de Karolina, une jeune adolescente solitaire qui vit dans la pauvreté avec sa mère et sa grand-mère, en Tchécoslovaquie, sous la dictature communiste dans les années 80. Carolina va faire la rencontre de Romana, qui va l’initier à la voltige et lui faire goûter à la liberté et à la découverte de son corps grâce à ce qu’elle peut faire sur un cheval.
Des personnages cocasses et lumineux, une ambiance urbaine dégradée type urbex géniale, une écriture vive, un roman sombre et mélancolique mais une histoire très forte sur l’amitié et sur la liberté.
Beach Music, de l’auteur américain Pat Conroy, une saga familiale et amicale foisonnante, qui nous balade à Rome, en Caroline du Sud à notre époque, mais aussi en Allemagne ou au Vietnam au temps des guerres, en Caroline du Sud dans les années 70, au temps où le personnage principal qui nous raconte son histoire, était étudiant. Une belle épopée, des personnages intéressants très fouillés, des dialogues percutants, drôles, très fins. Un roman entraînant et époustouflant sur la vie, l’amour, la mort, sur les traces des traumatismes sur les générations suivantes. J’ai adoré, je ne pouvais plus lâcher ce gros roman de presque 950 pages et la plume très accrocheuse de l’auteur.
La vie rêvée des plantes, de l’auteure coréenne Lee Seung-U, l’histoire d’un homme assez jeune qui revient vivre dans la maison familiale auprès de son père mutique, de sa mère toujours absente pour s’occuper de son restaurant, et de son frère mutilé de guerre qui reste enfermé dans sa chambre et développe des troubles psychiatriques. Il va déterrer des lourds secrets et faire rejaillir de la vie dans cette famille. Un roman intense, extrêmement délicat et fin et en même temps très violent et cru, j’aime ce contraste dans la littérature coréenne. Une plume limpide, une histoire envoûtante, une super découverte.
Leurs enfants après eux, de l’auteur français Nicolas Mathieu, (c’est lui qui n’est pas sur la photo). C’est le premier que je lisais de l’auteur, depuis j’en ai lu deux autres, il est devenu un de mes chouchous en littérature française et a même supplanté Olivier Adam, c’est dire.
On est dans les années 90, dans une petite ville de l’est de la France, où règnent le chômage, la résignation, la débrouille, l’alcool, aussi. On va suivre Anthony, 14 ans, qui va vivre son adolescence dans ce contexte, découvrir la vie, les différences de classes, chercher la liberté. Une fresque sociale passionnante, des personnages super attachants et vrais, une très belle écriture, une ambiance années 90 vraie et naturelle, on sent que l’auteur l’a vécue, des problématiques sociétales passionnantes soulevées, vraiment une belle découverte.
Anéantir, de Michel Houellebecq. C’était risqué. Michel Houellebecq, j’adore ou je déteste. J’ai adoré. J’ai trouvé ce roman génial, très ancré dans la réalité, portant des réflexions sur la vie ultra-pertinentes et malicieuses. Je l’ai aussi trouvé apaisant, doux, avec beaucoup de compassion et une absence totale de cynisme pour l’être humain et sa bêtise parfois dans bien des domaines. J’ai été bluffée, Houellebecq est plutôt cynique habituellement et je ne supporte plus le cynisme.
L’histoire se déroule en 2027. Paul, bientôt cinquantenaire, haut fonctionnaire, un brin dépressif, essaie de soutenir son chef et ami pressenti futur premier ministre après les prochaines élections présidentielles qui approchent, enfin si jamais l’extrême-droite ne passe pas, il est bien possible que ce soit le cas. Paul doit aussi faire face à sa femme qui semble prendre le large avec son groupe de méditation, et à son père qui tombe malade. Il va devoir recroiser sa sœur et son beau-frère chômeur qu’il déteste. J’ai aimé l’ambiance, la plongée dans l’intimité d’une famille mais et aussi dans les arcanes du pouvoir, c’était sacrément intéressant. 800 pages englouties en 3 jours qui m’ont coûté le prix d’un bon anti-cernes (je lis la nuit principalement).
Lumière pâle sur les collines, de Kazuo Ishiguro, auteur britannique d’origine japonaise.
La vie d’une jeune femme japonaise, fraîchement mariée, dans les années 50, dans la ville de Nagasaki en pleine reconstruction. Une écriture limpide, simple, dépouillée, qui nous plonge dans les séquelles de la guerre et de la bombe. Une histoire poignante puisque la narratrice, à présent retraitée, divorcée et vivant en Angleterre, raconte son histoire à une de ses deux filles alors qu’elle vient de perdre l’autre. Une lecture qui m’a beaucoup marquée.
La treizième heure, de l’auteure française Emmanuelle Bayamack-Tam.
L’histoire de Farah, qui grandit dans la communauté de la Treizième Heure créée et gérée par son père, qui l’a élevée seul, on va peu à peu comprendre pourquoi. Le roman va raconter la filiation très complexe de Farah et explorer de façon très subtile et profonde les questions de l’identité de genre et de la transmission. Un très beau texte sur l’amour, la tolérance, le pouvoir d’être soi, et sur le combat intime permanent pour accéder à sa liberté.
Morwenna, de Jo Walton, auteure galloise vivant au Canada. La vie d’une jeune fille de 15 ans handicapée d’une jambe, élevée avec sa sœur par ses grands-parents, et qui se retrouvant seule, va aller toquer à la porte de son père, qui va être contraint de la placer en pensionnat huppé. Stigmatisée par ses camarades, elle va trouver refuge dans la lecture SF qu’elle a toujours adorée et développer des liens dans le village avec des gens tout aussi passionnés qu’elle. Dotée d’une très forte sensibilité proche de la magie, elle va devoir affronter sa mère qui a toujours mal utilisé ces pouvoirs. J’ai adoré l’ambiance celtique de ce roman qui se déroule au Pays de Galle, la maturité de Morwenna, la plume envoûtante de l’auteure, la forme du récit qui est en fait le journal intime de Morwenna. C’est un roman très original, étonnant assez proche d’un conte de fées, qui traite de façon très pertinente de la différence et de la résilience.
Nos jours heureux, de l’auteure coréenne GONG Ji-young.
L’histoire d’une jeune femme dépressive qui va accompagner sa tante visiteuse de prison auprès des prisonniers en attente d’exécution (nous sommes dans les années 1990 en Corée du Sud, quelques années avant que la peine de mort soit abolie). Elle va nouer une relation très singulière avec un jeune homme en attente d’exécution dont on va découvrir l’histoire terrible. Ce drôle de lien va soutenir et peu à peu apaiser chacun des deux protagonistes. C’est un roman passionnant et très fort, qui traite de façon extrêmement engagée de la question de la peine de mort. Ce roman traite également la question des carences affectives durant l’enfance mais aussi les notions de vengeance et de pardon. Une lecture très forte.
La plus secrète mémoire des hommes, de l’auteur français Mohamed Mbougar Sarr (Prix Goncourt 2021).
La quête d’un jeune écrivain sénégalais installé à Paris qui cherche à retrouver l’auteur d’un roman paru en 1938 dont la lecture l’a complètement fasciné. Il existe un grand mystère sur cet écrivain qui a disparu des radars depuis plusieurs décennies. Le jeune écrivain va mener l’enquête. Une prose inventive et dense, originale et très belle, une super énigme, beaucoup d’aventure, de voyages dans le temps et dans le monde entier, ce roman est en fait la traversée de tout un siècle d’histoire sous un angle très original. Une très belle œuvre littéraire zoomant sur les ponts culturels entre l’Afrique et l’Europe, une superbe ode à la littérature.
Voilà pour mes 10 coups de cœurs littéraires de cette année 2022. En avez-vous eu ? Quelle est votre définition à vous d’un coup de cœur littéraire ? Dites-mois tout !
Il est 22h30 passées, ne me croyant pas lundi, j’ai failli oublier le blabla lecture du lundi !
La semaine dernière, j’ai terminé ou plutôt englouti le roman de Donald Ray Pollock, « Une mort qui en vaut la peine », cf un des billets précédents, je l’ai chroniqué aussitôt, dans la foulée de l’enthousiasme. J’ai passé un super moment avec ce roman super divertissant même si ce n’est pas un coup de coeur (un article sur mes 10 coups de coeur de l’année arrive d’ailleurs tout prochainement).
J’ai ensuite lu « Marina A » d’Eric Fottorino, terminé hier soir. Un très court roman plutôt sympa qui m’a permis d’en savoir plus sur l’oeuvre de la performeuse serbe Marina Abramovic. Chronique à venir.
Et là, je m’apprête à débuter la lecture de « Ör », de l’auteure islandaise Auđur Ava Ólafsdóttir, auteure que j’apprécie. On verra ce que donne ce titre.
Je suis contente d’avoir reçu à Noël le Prix Goncourt 2022, « Vivre vite », de Brigitte Giraud, ce sera la lecture suivante je pense. Enfin si j’ai le temps car une aminaute m’a fait plonger dans le monde du drama coréen et hop hop hop quand j’ai un peu de temps, j’engloutis les épisodes (« My Holo Love », sur Netflix, est vraiment extra), quelle super évasion, j’adore.
Et vous ? Qu’avez-vous lu ? Que lisez-vous /regardez-vous/écoutez-vous ?
Lundi j’écrivais ici que ce roman américain déjanté et drôle commençait à me lasser, mais pas du tout, je l’ai fini d’une traite et finalement j’ai beaucoup aimé…
Nous sommes en 1917, quelque part entre la Géorgie et l’Alabama.
Cane, Cob et Chimney, trois ados, vivent avec leur père qui commence à devenir sénile, dans une cabane délabrée sur les terres du fermier qui les exploite.
Ils triment dur et ne mangent pas à leur faim, récupérant pommes et noix tombées des arbres, mangeant un cochon malade qui leur fait l’année.
Depuis la mort de leur mère, Cane, l’aîné, veille sur ses frères. Cob est un peu attardé et Chimney, fougeux, ne pense qu’au sexe, à la nourriture et à l’alcool.
Cane est le seul à savoir lire. Depuis des années, il lit à ses frères le seul bouquin qu’il possède, un roman de gare racontant les exploits foireux d’un hors-la-loi, devenu leur idole.
Le jour où leur père casse sa pipe, dans des conditions hilarantes, ils décident de lever le camp. Ils dérobent chevaux et armes à leur patron et partent sur les routes en vue de braquer une banque et de vivre enfin leur vie.
Mais tout ne se passe pas comme prévu.
En quelques semaines, ils deviennent les hors-la loi les plus recherchés et craints des Etats-Unis, sur lesquels la population projette ses pires fantasmes.
Ce roman est dingue. Déjanté, loufoque, très rythmé. On ne s’ennuie jamais à suivre les péripéties et le destin de ces trois losers cradingues, trois tueurs au coeur tendre, ainsi que la tripotée de personnages croustillants qui croisent leur chemin, dans cette Amérique où se mêlent racisme, arrivée du modernisme, sur fond de première guerre mondiale.
Une épopée trash et humaine à la fois, digne d’un bon western, un ton et une écriture endiablés, on rit, on s’offusque, çà frôle souvent l’horreur, faut pas avoir peur du gore dans tous les domaines, certains détesteront c’est sûr, c’est très spécial, moi j’ai aimé.
La semaine dernière a été une semaine de lecture plutôt sympa, même si j’ai moins lu que prévu.
Je me suis en effet lancée dans l’apprentissage d’une nouvelle activité, le tricot (j’en ai un peu marre du crochet), projet pour lequel j’avais acheté il y a des mois le matériel (enfin… juste des aiguilles circulaires, hein, j’ai une armoire pleine de laines), fallait juste que ce soit le bon moment pour moi et paf, sur un coup de tête je m’y suis mise la semaine dernière, donc pas mal de mes soirées lecture ont été remplacées par des soirées d’apprentissage des bases du tricot grâce à des tutos sur YouTube.
Tout de même, j’ai pu terminer ce petit roman, « Le biscuit national », dont je parlais la semaine dernière, d’un auteur slovaque, Zuska Kepplová. C’était bien sympa et intéressant, ces chroniques de vie de jeunes d’Europe de l’Est qui tentent leur chance dans les grandes capitales européennes. Une lecture agréable malgré un côté assez décousu. Chronique à venir.
J’ai ensuite débuté la lecture de « Une mort qui en vaut la peine », de Donald Ray Pollock, décrit comme « l’une des voix montantes de la littérature contemporaine américaine ». C’est une espèce de rodéo sauvage assez trash (faut pas être prude…) de trois frères sans le sou et illettrés qui deviennent des braqueurs de banques, dans l’Alabama en 1914, trois pauvres types qui vont devenir les hors-la-loi du pays les plus recherchés.
C’est cocasse et survolté, grotesque et très drôle, j’aime bien, même si bon, j’aime rigoler, les aventures rocambolesques et les personnages frappés et sulfureux, mais si y a pas un minimum de réflexion demandée au lecteur, ça me lasse très vite. J’en suis vers la fin et j’ai hâte de le terminer même si c’est vraiment très bon.
Sinon, ma semaine de lecture a été marquée par la publication sur ma chaîne YouTube d’un bookhaul, car j’avais fait quelques acquisitions ces dernières semaines. Je vous mets le lien si ça vous intéresse.
Et vous ? Qu’avez-vous lu ? Que lisez-vous ? Belle semaine !
Kazuo Ishiguro est un écrivain britannique d’origine japonaise. Il a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2017.
J’apprécie beaucoup sa plume limpide et ses univers mystérieux, décalés, comme dans ses romans « Auprès de moi toujours » et « Les vestiges du jours ».
« Klara et le soleil » est son dernier roman, paru en France en 2021.
Ce roman très étrange nous plonge dans un monde assez proche du nôtre, à ceci près que l’intelligence artificielle a tellement été développée que les êtres humains doivent pousser au maximum leurs facultés cognitives, sinon ils n’ont pas de place dans un monde devenu hyper sélectif.
La narratrice, Klara, est un robot d’allure adolescente. C’est une AA, une amie artificielle, qui, dans une boutique, attend d’être vendue. Depuis la vitrine, elle observe les humains dans la rue, se gave du soleil qui inonde la vitrine, car elle fonctionne à l’énergie solaire. Dans l’arrière-boutique, elle lit, discute avec la gérante. Elle semble être très observatrice et particulièrement intelligente.
Un jour, Josie, 13 ans, entre dans la boutique avec sa mère, et c’est le coup de foudre entre elle et Klara. Après d’étranges tests et questionnements par la mère, Klara est achetée. Démontée et envoyée chez Josie, elle part vivre à la campagne chez cette dernière et sa mère, où vit également une domestique robot.
Josie et Klara s’adorent et Josie traite son AA comme une amie et surtout comme une humaine, ce dont lui est très reconnaissante Klara, car ce n’est pas le sort de tous les AA.
Mais Josie est malade, elle doit souvent rester alitée. Et elle semble vouloir fuir la vie élitiste qui lui est destinée, avec l’aide de Rick, son voisin et petit ami.
Loyale et dévouée, Klara va tout faire pour aider Josie, la soigner, l’aider dans ses projets.
La mère semble cependant avoir d’étranges attentes de Klara et vouloir développer des projets qui ne plaisent pas au père de Josie, qui a fui son job haut-placé pour vivre dans une communauté contestataire.
J’ai beaucoup aimé ce roman d’anticipation très bien écrit, qui interroge de façon originale et subtile les limites de notre humanité face à la technologie.
Observer le monde à travers la vision pixellée et le cerveau codé de Klara est passionnant. Dotée de capacités émotionnelles fines, elle perçoit les problèmes, apprend, s’adapte et élabore des solutions sans s’encombrer des angoisses, failles et paradoxes humains, ce qui la rend bien plus humaine que certains humains, et très attachante.
J’ai beaucoup aimé cette lecture à l’atmosphère très étrange, surannée et ultra moderne à la fois, qui fait beaucoup réfléchir sur société et les avancées technologiques.
La semaine dernière n’a pas été bien folichonne niveau lecture.
J’ai peiné à terminer « Nous nous connaissons déjà », roman d’Anne-Marie Garat, auteure française à la bibliographie bien remplie, décédée en juillet dernier. D’elle, j’avais beaucoup aimé « L’amour de loin » et « Les mal-famées », sortis dans les années 90.
La thématique de « Nous nous connaissons déjà », paru en 2003, est intéressante, un coup de foudre amical et inopiné entre deux femmes qui ont les mêmes problématiques de famille et la même sensibilité, mais les phrases sont très longues, parfois deux pages, on va de prépositions en prépositions, çà donne des bifurcations variées, çà exige de bien s’accrocher à la barre, çà file le tournis comme dans les pires manèges de fête foraine, c’était une lecture fastidieuse malgré la plume riche, je me suis souvent noyée mais je l’ai tout de même terminé. Je ferai une chronique plus tard, j’arrive pas encore à dire si j’ai aimé ou pas.
Après çà, j’ai voulu du plus léger, comme une bonne pomme d’amour ou une barbe-à-papa toute sucrée et douce, toujours à la même fête foraine.
J’ai attaqué « Les secrets de ma mère » de l’auteure britannique Jessie Burton, dont j’avais adoré « Miniaturiste ». Une histoire de femme qui recherche sa mère qui l’a abandonnée à sa naissance, une mère qui aurait eu des liens dans les années 70 avec le cinéma hollywoodien. J’ai abandonné après 150 pages, beaucoup de longueurs, de descriptions et dialogues futiles, je n’ai accroché ni sur les personnages, ni sur l’histoire, ni sur l’ambiance. C’est super bien écrit, c’est sûr, mais ça me suffit pas. Bref, pas mon truc. Ou alors j’ai fait un trop grand écart entre une littérature très exigeante et une plus légère, divertissante, et j’étais pas prête pour apprécier le Jessie Burton.
Après tous ces déboires, heureusement j’ai pioché un chouette roman dans ma bibliothèque, » Le biscuit national » d’un auteur slovaque, Zuska Kepplová, que j’avais découvert par hasard dans une boutique de livres d’occasion il y a quelques mois.
L’histoire m’attirait : des chroniques de vie de jeunes d’Europe de l’Est qui tentent leur chance dans les grandes capitales, Londres, Paris, Helsinki. Un récit passionnant et drôle sur l’emmigration et ses conditions au sein même de l’Europe, sur les différences entre les pays, notamment la différence entre ceux qui ont connu ou pas le communisme. Je suis en train de le terminer, c’est très intérressant.
Féline, de BU Hui-ryeong, 2006 (Corée), 2009 (France)
Un jeune chat erre dans les rues de Séoul. Il doit désormais se débrouiller seul, car sa mère s’est volatilisée.
Il connaît les bons spots où trouver des restes de nourriture mais doit faire gaffe aux gros matous et aux chiens que les maîtres oublient trop souvent de tenir en laisse.
Planqué sous de vieilles planches de bois qui le protègent à peine de la pluie, souvent affamé, il pense, ressasse ses souvenirs, rêve, fait des plans.
Il aimerait trouver une maison humaine pour manger de bons plats et dormir tranquille sur des couvertures douces et chaudes, comme le lui avait raconté sa mère qui avait connu ce luxe avant de céder à l’appel de la rue et de l’aventure.
Un jour, dans un parc, le petit chat solitaire et apeuré tombe sous le charme de Minyeong, une jeune lycéenne au pouvoir félin incroyable. Minyeong vit chez sa grand-mère dans un petit appartement où sa grand-mère cuisine des kimbap (rouleaux de riz et légumes enveloppés dans une algue), qu’elle vend en journée dans la rue.
Minyeong semble avoir fui sa mère et s’être réfugiée chez sa grand-mère, mais la cohabitation est difficile.
Minyeong craque ce petit chat trop mignon, qu’elle nomme Minet, et décide de l’embarquer chez elle. Mais sa grand-mère déteste les chats et la jeune fille va le vendre à un ami.
Fou de tristesse, Minet fera tout pour retourner vivre auprès de la maîtresse qu’il s’est choisie mais qui pourtant n’a pas hésité à le revendre. Minyeong aurait-elle besoin d’argent ? Et pourquoi ?
Un fort lien d’amitié va se nouer entre Minet et Minyeong au fur et à mesure des démarches que va entreprendre la jeune fille pour résoudre ses problèmes.
Ce roman assez court se lit très vite par son écriture très limpide. Que le narrateur soit un chat qui s’étonne des comportements humains est très amusant. C’est un chouette road-trip humain-félin, une lecture bien sympa, sensible et drôle mais aussi sérieuse et assez approfondie du point de vue des personnages et situations.
Un livre à conseiller aux amoureux des chats bien sûr, mais aussi à qui s’intéresse aux difficultés de l’adolescence en lien avec l’acceptation du changement. Et aussi un cadeau parfait pour un ado (ou un adulte) qui adore la Corée !
Un petit blabla lecture en direct de Londres, entre les oeufs au bacon du breakfast puis une visite de musée.
La semaine dernière, j’ai lu un étrange et chouette roman qui traînait au fond de ma pile à lire depuis quelques mois. » Klara et le soleil », de Kazuo Ishiguro, auteur anglais d’origine britannique. Ce titre a obtenu le Prix Nobel de littérature il y a deux ou trois ans je ne sais plus. La naratrice est un robot ! Elle va devenir l’amie virtuelle d’une jeune fille malade. Une histoire incroyable, je ferai bientôt une chronique. J’ai beaucoup aimé.
Puis j’ai attaqué un roman d’Anne-Marie Garat, auteure française que j’aime beaucoup, c’est un roman de 2003, « nous nous connaissons déjà », très bien. J’ai pu lire plusieurs heures dans le train hier, ce qui est pour moi constitue le bonheur de lecture suprême.
Bref, une bien bonne semaine de lecture pour moi. Et vous ?
Je file vadrouiller ! Bonne semaine, belles lectures !
Je n’avais pas relu l’auteure américaine Barbara Kingsolver depuis plus de vingt ans. J’avais à l’époque adoré » l’Arbre aux haricots » et « Les cochons au paradis », parus dans les années 90.
J’ai apprécié retrouver son ton ainsi que la profondeur de ses personnages dans ce roman paru en 2018, » Des vies à découvert ».
L’auteure nous embarque à Vineland, une petite ville du New-Jersey, à deux époques différentes.
En 2016, on suit Willa, cinquantenaire, journaliste au chômage, épouse d’un prof d’université en poste précaire. Willa se débat pour boucler les fins de mois tout essayant de financer des travaux pour leur vieille maison héritée qui menace de s’effondrer.
Willa gère aussi son beau-père diabétique et sous-oxygène, un immigré grec raciste et colérique, qui soutient à fond le candidat à l’élection présidentielle qui défraie chaque jour les chroniques avec ses déclarations populistes dignes d’un show et que le reste de la famille ne peut pas encadrer.
Vivent également à la maison sa fille de 26 ans altermondialiste, et le bébé de son fils veuf parti chercher du boulot dans un autre état.
Willa se bat dans un contexte social et économique tendu, garde son humour mais est proche de la dépression.
Toujours dans la même ville, un chapître sur deux l’auteure nous raconte la vie, 150 ans plus tôt, de Thatcher, un jeune professeur de sciences, jeune marié qui assume financièrement le foyer constitué de sa jeune épouse frivole, d’une belle-mère ultra conservatrice et une jeune belle-soeur intelligente et passionnée. Comme Willa, Thatcher s’inquiète des frais importants auxquels il ne peut subvenir pour réaliser de gros travaux urgents dans sa maison.
Adepte des thèses de Darwin qui commencent à se développer mais qui se heurtent au conservatisme d’une société pour qui seule la Bible est détentrice de vérité, Thatcher va être rejeté par la communauté ainsi que par sa propre famille. Il va se battre pour les avancées de la science, avec son amie et voisine, une scientifique qui passe son temps à observer les insectes le nez sur sa pelouse et élève des araignées dans son salon.
Deux époques, deux personnages passionnants en lutte pour sauver leur famille mais aussi contre le conservatisme, le préjugé, le pré-pensé. Un combat parallèle à deux époques différentes, intéressant.
J’ai cependant préféré l’histoire contemporaine, plus developpée, remplie de situations cocasses truculentes et de beaucoup d’humour, de personnages très touchants.
Une histoire qui aborde très finement les déboires et le désespoir que peut rencontrer la classe moyenne américaine : précarité professionnelle, difficulté d’accès aux soins, surendettement, absence de filets sociaux.
J’ai eu un peu plus de mal avec les chapîtres se déroulant au dix-neuvième siècle, non pas à cause des personnages et de l’histoire, très intéressante, mais à cause du changement de style d’écriture. Pour cette partie, Barbara Kingsolver a choisi le ton d’écriture de l’époque, très désuet, indirect, un ton qui m’a déplu. Il contrastait vraiment beaucoup avec celui, truculent, utilisé pour l’époque contemporaine. J’ai trouvé celà perturbant et désagréable. Du coup, j’ai très peu investi l’histoire de Thatcher, je l’ai lue un peu en diagonale, c’est dommage.
Toutefois j’ai beaucoup aimé cette lecture même si je me serais bien contentée de l’histoire et des nombreux déboires de Willa, femme courage qui porte à bout de bras sa famille.
Un bon roman à conseiller aux amateurs de roman familial et social américain.