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~ Blog de partages et échanges culturels

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Archives Mensuelles: février 2022

 » Mamie Luger « , de Benoît Philippon

26 samedi Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in lecture, roman

≈ 6 Commentaires

6h du matin. Berthe, 102 ans, dézingue son voisin à coups de carabine avant d’aller terminer sa camomille, peinarde.

8h. L’inspecteur Ventura commence l’interrogatoire et la garde-à-vue les plus hallucinants de sa carrière.

Berthe, la vieille dame auvergnate, avec son franc-parler et ses répliques acerbes, va lui raconter toute sa vie pas facile et s’avérer être une sacrée tueuse qui cache plusieurs cadavres d’hommes enterrés dans sa cave.

L’auteur joue sur deux registres, le thriller et la comédie, j’ai mis un peu de temps à le comprendre et quand j’ai pigé, j’ai su que çà n’allait pas prendre chez moi qui suis très « monoregistre ».
Le ton gouailleur et les répliques percutantes de la vieille dame m’ont amusés au début puis très vite lassée. Les allusions sexuelles et scènes de fesse sont nombreuses, j’ai trouvé çà limite vulgaire. La violence est récurrente.

La vie abracadabrante de Berthe, ses nombreux malheurs avec les hommes, servant à valoriser une thématique très binaire de la femme bafouée / l’homme forcément dominateur, méchant ou lâche, m’ont franchement énervés.

Bref je n’ai absolument pas accroché  au ton de ce roman à grand succès ni à cette histoire de grand-mère rebelle et tueuse qui n’a vécu que pour ses sens  a passé sa vie à reproduire les mêmes erreurs.

Après avoir refermé la dernière page, je suis allée lire les critiques, le plus souvent très élogieuses. Çà parle de mise en avant de la « cause féministe ». Je suis loin d’être d’accord ou alors la conception du féminisme est devenue bien simpliste.

Bref moi qui voulais me détendre avec ce bouquin, çà a fait l’effet inverse !🤣

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 » anéantir « , de Michel Houellebecq

21 lundi Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in avis de lecture, lecture, littérature française

≈ 6 Commentaires

Dernier titre de Michel Houellebecq, paru en janvier 2022 (me suis ruée dessus)

Paris, 2027, à quelques semaines de l’élection présidentielle. 

Paul, bientôt la cinquantaine, solitaire, un brin dépressif, exerce un poste haut placé au Ministère de l’Économie et des Finances. Il est devenu intime avec Bruno (tiens, tiens…), le ministre, un homme d’intelligence et de culture dingues, loyal, bosseur, humble, gentil, qui a fait un sacré bon boulot durant le quinquennat. 

Bruno est amené très certainement à des fonctions plus hautes et stratégiques si son parti parvient à remporter encore une fois l’élection contre le Rassemblement National, mais ça s’annonce très serré, c’est pas gagné, brrr…

Paul est un peu perdu. Sa femme, également haut fonctionnaire, adepte du mouvement Wicca et autres trucs ésotériques farfelus et surtout à la mode, s’éloigne. Il ne sait pas quoi faire pour la reconquérir.

 Paul voit rarement sa famille, son père retraité de la DGSI, veuf remarié qui file le grand amour avec une jeune femme dévouée, sa soeur bigote femme de notaire au chômage, tous deux pro RN,  son petit frère, secret et fragile, restaurateur d’art et marié à une journaliste peste et intéressée, que toute la famille s’accorde à détester.
La vie de Paul va être bouleversée par l’AVC soudain de son père, qui va réunir la famille.
Ce roman est une plongée fascinante dans les arcanes du pouvoir et le jeu des élections, dans un monde où une nouvelle forme de terrorisme destabilise les grandes puissances, dans les malheurs et les joies d’une famille éparpillée qui va vivre de sacrés évènements. 730 pages de rebondissements absolument passionnants, effrayants, espiègles et drôles parfois. 
« Anéantir » est roman d’anticipation vraiment trés fin et bien construit, qui accroche d’emblée par ses personnages très humains, touchants, porté par une plume acerbe mais posée, emplie d’une tendresse pour le monde et la vie que l’on a pas l’habitude de sentir à ce point chez l’auteur (dans ses précédents romans c’est juste palpable sous l’ironie et les provocations, cet amour des gens et de la vie, du moins moi je l’ai toujours senti), là c’est carrément assumé, avec l’apaisement qu’on sent de paire, j’ai aimé.
À travers cette dense chronique familiale et politico-électorale, Michel Houellebecq nous offre de profondes  réflexions philosophiques sur la société, la condition humaine, la famille, l’amour, la sexualité, la fin de vie, j’ai particulièrement aimé la partie où il dénonce les conditions horribles, qu’il qualifie proches de l’euthanasie, dans les EHPAD, çà résonnait tellement avec l’actu du moment, c’en était glaçant. Et ce réseau d’activistes qui s’est organisé en secret sur le territoire pour exfiltrer les personnes âgées de ces mouroirs, c’était absolument truculent.
Très fin observateur de son temps, l’auteur dénonce les travers de notre monde contemporain mais parvient à en retirer ce qu’il y a de beau et d’essentiel et c’est quelque chose de bon et de doux que j’ai ressenti en refermant les 730 pages, chouette ressenti.
Allez, juste un petit truc qui m’a déplu, hormis le poids de la pavasse qui m’a fait frôler la tendinite, ce sont les descriptions des rêves de Paul, bien bien barrés, qui m’ont pas mal ennuyées, mais on sent que l’auteur s’est fait plaisir à laisser libre court à son imagination débridée et à ses angoisses profondes, c’est la ptite touche houellebecquienne qui, il faut l’avouer, aurait manqué.

Et les vivants autour, de Barbara Abel

19 samedi Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in lecture, thriller

≈ 10 Commentaires

Lire du Lansdale m’a redonné envie de relire du thiller alors je suis allée me faire une petite provision de sorties récentes en poche dans le genre, sans rien y connaître ou peu. Gros risque, je suis très souvent déçue dans ce genre. Mais bon, faut suivre ses envies, hein, et savoir vivre l’aventure…🤣

J’ai donc lu cette semaine ce roman.

Une jeune femme se trouve dans un coma végétatif depuis 4 ans suite à un accident de voiture. Elle est maintenue en vie grâce à l’argent de son père, un riche chef d’entreprise. 

Le médecin qui la suit essaie depuis un moment de faire comprendre à la famille qu’il s’agit là d’acharnement thérapeutique, qu’il n’y a plus rien à attendre, qu’il faut être raisonnable et la laisser partir, la débrancher, quoi.

Pour la énième fois, il convoque les parents et le mari. C’est assez tendu car le père commence à penser qu’il faut interrompre les soins et la mère s’y oppose. Le mari quant à lui semble perdu et pas du tout à l’aise. 

Mais le médecin va aborder une toute autre question, une situation que personne n’aurait pu imaginer. Et la famille va exploser. Rancoeurs, petits et gros secrets, déceptions et haines vont se révéler et constituer le coeur du récit, l’auteur nous menant alternativement dans la tête et la vie des différents proches de la jeune femme endormie.

Personnages ultra caricaturés, réactions invraisemblables (comment peut-on décider d’aller débattre du choix impliquant la vie d’un être aimé en s’offrant un bon gueuleton dans un grand resto ??? Personnellement j’aurais l’appétit coupé, pas envie de m’apprêter et de vie sociale, mais bon), gros secret de famille bien vite deviné, écriture très descriptive privant l’histoire de la profondeur qui aurait pu la rendre sympa, rebondissements et réactions des personnages non crédibles, ennui total pour moi avec ce thriller qui ne m’a fait vivre aucun suspens. Heureusement, il se lit très très très (trop) facilement et rapidement, zou en deux soirées c’était plié.
J’avais entendu beaucoup de bien de Barbara Abel , j’essaierai peut-être de lire un autre titre de l’auteure. Celui-ci m’a laissé une impression d’écriture à la va-vite.

Sur la ligne noire, de Joe R. Lansdale

13 dimanche Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in avis de lecture, lecture, littérature américaine, thriller

≈ 6 Commentaires

Stanley, 13 ans, vit dans le drive-in tenu par ses parents, dans une petite ville paumée du Texas. Nous sommes en 1958, dans une Amérique au comble du puritanisme et du ségrégationnisme. 

La famille de Stanley est très aimante et ouverte d’esprit, surtout la mère, qui interdit à ses enfants de prononcer l’affreux mot « négro » que tout le monde emploie. Le père, travailleur, au coeur tendre mais trop impulsif, suit le mouvement. 
Les deux employés noirs du drive-in font partie de la famille, qui va jusqu’à reccueillir Rosy Mae le jour où elle arrive blessée par les coups de son compagnon alcoolique, un gars cinglé qui menace de la tuer, ainsi que la famille de Stanley.
C’est l’été, il fait très chaud et Stanley s’ennuie. Son meilleur ami n’est pas trop disponible, accablé de corvées par son père, un fermier prédicateur barré et violent, raciste, misogyne et tout ce qui va avec.
Au hasard d’une balade dans la forêt derrière le drive-in, Stanley découvre près d’une maison en ruine un coffret à moitié déterré, contenant les lettres d’une jeune fille assassinée une dizaine d’années plus tôt. Il en parle à sa soeur, qui se montre intéressée un certain temps, mais qui préfère profiter des vacances pour sortir boire des milkshakes avec ses prétendants coiffés de bananes gominées et flirter.
Alors Stanley se confie à Buster, le vieux projectionniste noir du drive-in noir, un homme bourré d’intelligence mais aux humeurs bien changeantes en raison de  son alcoolisme. Tous deux vont devenir très amis et s’employer à démêler deux crimes non résolus. 
Le temps d’un été, Stanley va découvrir la vraie vie et passer de l’état d’adolescent naïf à un état d’adulte bien plus mature que certains.
Personnages fouillés très attachants, plume riche qui nous immerge à fond dans les fifties (je me croyais dans la géniale série « Happy Days » qui a bercé mon adolescence), ton fin, espiègle et drôle, intrigue très prenante tout du long, des scènes qui fichent bien les chocottes et tout plein de rebondissements, voilà du super roman noir américain !
 J’avais découvert Joe R. Lansdale avec « Les marécages », que j’avais adoré. Je sens que je vais dévorer tous les opus de ce génial écrivain texan qui fut chercheur d’or, charpentier, plombier, fermier, avant de se consacrer uniquement à l’écriture.

Bon dimanche ! Ici, sieste à fond…

A year in Normandy, de David Hockney

07 lundi Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in art

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Au musée de l’Orangerie à Paris jusqu’au 14 février.

Le peintre britannique David Hockney vit depuis quelques années en Normandie où il savoure, du haut de ses 84 ans, sa si belle nature (je suis loin d’être objective, je suis une normande exilée par force salariale en Ile de France).

En 2019, il décide d’entreprendre une grande fresque de la nature normande au fil des saisons. Il a en effet été hautement impressionné par la Tapisserie de Bayeux, longue de 69 mètres, exposée à quelques encablures de son petit cottage normand. Çà lui a filé des idées.

Zou c’est parti, il sillonne la campagne armé de pinceaux et chevalets.

Sauf que voilà le confinement. Paf, interdiction de circuler.

Pas grave, y a l’ipad !

Durant toute cette période, David Hockney se régale de la nature changeante dans son périmètre restreint, scrutant son jardin, sa maison, les champs derrière chez lui. Et il retranscrit tout çà sur son ipad.

Son travail imprimé fera une impressionnante fresque de 90 m de long, aux couleurs pop acidulées, un vrai bonheur à contempler.

Quelle belle idée de l’avoir exposée à L’Orangerie, sous les Nymphéas de Monet ! Les deux se font écho et c’est un pur bonheur 💚

Lambeaux, de Charles Juliet

06 dimanche Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in avis de lecture, Chronique, lecture

≈ 6 Commentaires

Dans ce très court texte de 124 pages, paru en 1995, Charles Juliet rend hommage aux deux femmes à qui il doit la vie. Il nous raconte leur histoire, leur personnalité, puis explique comment elles lui ont permis d’accomplir son rêve de devenir écrivain. 

L’auteur nous raconte tout d’abord la triste vie de sa mère biologique, qu’il n’a pas connue, et dont il a appris la véritable et tragique histoire qu’une fois adulte, par hasard. 
Sa mère biologique était l’aînée d’une famille de paysans, qui a dû assurer toutes les corvées ménagères et prendre soin de ses soeurs, ses parents travaillant toute la journée à la ferme. 
Sans affection, sans écoute, elle a dû jeter à la poubelle ses rêves d’études, son besoin d’apprendre, de culture, d’expression intime. Seule et désespérée, elle écrivait ses pensées sur des bouts de papier pour se parler à elle-même. 

L’auteur n’apprendra ce fait qu’une fois adulte, lui-même étonnament engagé dans le métier d’écrivain. 

Cette mère biologique épousera un paysan frustre qui lui fera enfant sur enfant, la délaissant des semaines entières. Épuisée par les grossesses et l’éducation des petits, seule, elle tombera dans une dépression profonde et sera internée en hôpital psychiatrique un mois après la naissance de l’auteur. Elle y décèdera de faim plusieurs années plus tard, sous l’occupation allemande, atroce procédé utilisé pour éliminer les personnes atteintes de troubles psychiques durant la guerre. Environ 40 000 personnes sont ainsi décédées en France durant la seconde guerre mondiale…

Puis l’auteur nous raconte la mère qui l’a sauvé, sa mère d’adoption, paysanne également, femme travailleuse,  joyeuse, heureuse en ménage, qui bien que déjà mère de famille nombreuse, le reccueillera et l’élèvera avec amour et attention, le considérant comme son propre fils. Une femme simple et lumineuse, qui lui donnera le goût de la vie.
Pour finir, l’auteur nous raconte brièvement son parcours. Son enfance paysanne, l’école militaire où il a eu la chance d’être sélectionné, les études de médecine abandonnées pour répondre au besoin impérieux d’écriture, son difficile cheminement d’écrivain en lutte contre les démons et les fantômes qui l’empêchèrent longtemps d’écrire malgré tout son bouillonnement interne. Le combat personnel et seul contre la dépression, puis, enfin,  la délivrance, l’ouverture à soi-même sans retenue.. celle que n’aura pas eu la chance de connaître sa mère biologique.
 » Lambeaux » est un texte très fort sur la résilience et le développement de soi, dont la puissance est due tout autant aux personnages forts présentés qu’à la proximité toute spéciale avec eux permise par l’emploi inhabituel de la seconde personne du singulier. La plume simple, épurée, très sensible et sûre renforcent ce récit percutant qui touche aux fondamentaux de la construction du psychisme.

 J’ai beaucoup aimé.

Lecture | « Celui qui veille », de Louise Erdrich

03 jeudi Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in avis de lecture

≈ 6 Commentaires

« Celui qui veille », de Louise Erdrich, publié en 2020 aux Etats-Unis (« The night watcher »), sorti en France en janvier 2022, prix Pulitzer.

Les forêts, la neige, les lacs, les ours, les cabanes de bois où s’entassent les familles autour du feu. 

Odeurs de soupe, de ragoût qui mijote, de pain bannique qui dore, d’herbes médicinales qui infusent.

La famille, la solidarité, la débrouille, la joie et la simplicité, mais aussi la misère, l’alcool, la violence et le désespoir. 

Louise Erdrich nous plonge dans la vie du peuple dont elle est originaire, les Indiens chippewas, dans les réserves du Dakota des années 50, dans un monde qu’elle a connu dans son enfance, auprèsxde ses grands-parents. 

Les Indiens commencent alors à se mélanger aux « blancs », école, travail sous-qualifié sous-payé, mais vivent toujours selon leurs traditions ancestrales malgré les tentatives de conversion. Leur identité est négligée, bafouée.

Louise Erdrich nous raconte l’histoire de Thomas, qui se bat pour tenter de conserver les acquis de son peuple. Thomas s’inquiète d’un nouveau projet de loi qui vise la récupération des terres de la réserve par l’État, qui pourrait bien le mettre à la rue, ainsi que toute sa communuté qui déjà survit comme elle le peut. 

Alors Thomas, veilleur de nuit à l’usine du coin après ses journées passées à exploiter son petit terrain pour faire vivre sa famille, passe ses nuits à lire, écrire sur le sujet. Peu à peu,  Thomas va monter une délégation pour aller plaider la cause de son peuple à Washington. Thomas était le grand-père de Louise Erdrich, quel bel hommage elle lui rend…

Parallèlement, on suit une nièce éloignée de Thomas, Patrice, qui travaille à l’usine pour faire vivre sa mère et son petit frère, son père alcoolique étant tout le temps en vadrouille, ne revenant que pour soudoyer de l’argent et violenter sa famille. Patrice s’inquiète pour sa soeur, partie tenter sa chance à Minneapolis, mais qui ne donne aucune nouvelle. Patrice sent qu’il lui est arrivé quelque chose et va se donner les moyens d’aller la rechercher. 

Thomas et Patrice, deux personnages simples et puissants, plongés dans les affres de la condition de leur peuple, qui font passer leur famille et leur communauté avant eux, qui s’interrogent en profondeur sur leurs racines tout en s’ouvrant au monde moderne. Deux magnifiques personnes qu’on prend grand plaisir à suivre.

Quelle chouette immersion dans ce monde rude et beau, envoûtant par ses traditions et croyances, entraînant par la plume précise, limpide et très tendre de Louise Erdrich. Une histoire passionnante, une bonne évasion culturelle. J’ai aimé.

Cinéma |  » Ouistreham « , d’Emmanuel Carrère

01 mardi Fév 2022

Posted by labibliothequeroz in cinéma

≈ 8 Commentaires

En 2010, j’avais lu et adoré le livre de Florence Aubenas « Le quai de Ouistreham », qui avait rencontré pas mal de succès.

La journaliste avait voulu montrer le quotidien des travailleurs invisibles, les agents de nettoyage, leurs conditions de travail, leurs vies, personnalités. Et pour celà, elle avait choisi une immersion complète.

Elle avait plaqué pour quelques mois sa vie aisée de parisiennne, loué un studio à Caen en incognito et avait recherché du boulot comme femme de ménage. 

Elle avait joué le jeu, usé son corps pendant des mois à nettoyer les ferries durant leur courtes escales à Ouistreham, déréglé son sommeil par des horaires infernaux,  compté chaque euro de sa maigre paye, sympathisé avec des collègues fortes, admirables, intelligentes, joyeuses, résignées. 

Elle avait décidé d’arrêter l’expérience le jour où elle décrocherait un CDI, pour ne pas piquer le boulot à quelqu’un qui en aurait bien plus besoin qu’elle.

Elle avait montré la vraie vie d’une grosse partie de la population. Celle que j’aime, que je retrouve  au boulot, quand les médecins du travail les mettent « inaptes au poste » et qu’il faut penser à la reconversion. 

Cela avait été une excellente lecture, un incroyable travail journalistique, une véritable plongée dans la vie des ces travailleurs invisibles, qui usent leur santé pour des boulots non reconnus mais si nécessaires à tous, qui peinent à remplir leur frigo, ne peuvent se payer aucune sortie ou loisir, ils n’ont de toute façon absolument pas le temps, pris par les horaires décalés, les obligations de la vie et souvent les heures sup pour essayer tenir le mois financièrement.

En ce début d’année, je me suis précipitée en salle pour voir cette adaptation ciné par Emmanuel Carrère, dont j’admire le travail. Je suis contente de l’avoir vu car il est assez peu distribué.

Emmanuel Carrère a fort bien réussi à rendre sur image le contenu du livre de Florence Aubenas. C’est sobre, poignant, amplifié par le superbe jeu des acteurs non professionnels, ex-collègues de Florence Aubenas lors de son expérience pour son livre il y a environ 13 ans.

Juliette Binoche,  dans le rôle de Florence Aubenas, est formidable. Nature, sans maquillage, elle lave les toilettes, change les draps, admire ses collègues devenues copines, se fond en elles, change de classe.

Et c’est cela qui fait la force de cette adaptation. Car Emmanuel Carrère a développé, amplifié, la thématique du transfuge de classe, un transfuge inverse par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir en littérature ou au ciné, où habituellement on rencontre une personne qui se hisse socialement. 

Ici, le personnage « régresse » (oui, terme atroce, pas trouvé d’autre, en même temps, c’est çà) socialement. Et y trouve du plaisir. De l’amitié vraie. Une solidarité incroyable. On sent qu’elle vit un truc qui marquera sa vie. Elle le sent, elle le sait. Et elle en souffre. Car elle sait qu’elle est transfuge, qu’elle repartira dans son petit confort, elle sait qu’elle trahit toutes ces belles personnes pour son objectif, son bouquin. Elle gagnera notoriété et reconnaissance avec son excellent livre. Mais connaîtra une brisure personnelle terrible.
La fin choisie par Emmanuel Carrère est très forte,  violente, même si physiquement il n’y a aucune violence. C’est une fin très engagée, qui m’a marquée.

J’ai adoré ces thématiques de transfuge de classe inversé et de caste sociale développées par Emmanuel Carrère. 

J’ai passé un excellent moment de cinéma, j’aime par-dessus tout quand ce genre de thématiques sociales est traité en profondeur, en littérature et cinéma. 

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