Bilan lecture 2021 (2/3)

Bonjour !🌸

Belle dernière journée de l’année !

J’ai ressorti mon aquarelle et mes feutres Posca.

Voici la seconde partie de mon bilan lecture de cette année 2021, qui reprend les questions-citations concoctées par @madame_reve_encore, cf sa chaîne YouTube :

https://youtu.be/lQ_1usrEiZg

C’est parti pour les questions 9 à 15.

9/  » Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie  » (Montesquieu) : un livre qui m’a fait me sentir mieux.

 » Le meurtre du commandeur  » de Haruki Murakami (2017). Je suis toujours bien, quoi qu’il se passe dans ma vie ou dans ma tête, quand je suis plongée dans  un Murakami.

10/  » La lecture est à l’esprit ce que l’exercice est au corps  »  (J. Addison) : un livre dont la lecture a été sportive.

 » La brodeuse de Winchester  » de Tracy Chevalier (2019). Ce roman m’a tellement agaçée, ennuyée que j’avais des sécretions d’adrenaline aussi fortes que si je courrais un marathon. 

Cette brodeuse était vraiment très gnangnan. 

Heureusement, je l’ai lu en lecture commune avec une aminaute, qui était sur exactement la même longueur d’ondes (ouf !), ce qui nous a valu pas mal de gros délires et fou-rires, donc très chouette moment.

11/  » L’influence d’un livre ne dure guère plus longtemps que sa lecture  » (Pierre Baillargeon) : un livre que j’ai vite oublié.

 » Trois  » de Valérie Perrin (2021). J’avais beucoup aimé ses deux premiers romans, enfin surtout  » Changer l’eau des fleurs », et m’étais précipitée en librairie à la sortie de « Trois », mais j’ai été très déçue, sa lecture m’a profondément ennuyée. J’ai très vite oublié ce roman qui pourtant rencontre un grand succès.

12/  » Le meilleur terrain pour venir au théâtre passe par la lecture  » (Michel Deutsch) : une pièce de théâtre lue.

Je n’en ai pas lu, je n’ai pas l’habitude de lire des pièces de théâtres. J’aimerais d’ailleurs y remédier un peu. Si vous avez des suggestions…

13/  » La lecture, charmant oubli de vous-même et de la vie  » (Antoine de Rivarol) : un livre qui m’a fait oublier le monde

 » Bel Ami », de Maupassant (1885). Je n’arrivais pas à le lâcher. Je l’ai terminé en touillant une sauce-tomate…

14/  » Lire haut, c’est s’affirmer à soi-même sa lecture  » (Victor Hugo) : un livre que j’ai eu envie de lire à haute-voix.

Je ne lis jamais à haute-voix. 

Mais depuis cette année, sur ma chaîne YouTube https://youtube.com/channel/UC6a0mz7mvBFbko5IA7xcOng , lorsque je fais une chronique lecture, je la commence toujours en en lisant une à deux pages à haute-voix, pour que l’auditeur ait une petite vision de la plume de l’auteur, du ton du roman. Et j’adore cet exercice.

15/  » Il faut que l’esprit séjourne dans une lecture pour bien connaître un auteur  » (J. Joubert) : l’auteur le plus lu cette année.

Maupassant. Mon chouchou.

Suite et fin demain.

Douce transition vers 2022 !

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Bilan lecture 2021 (1/3)

Bonjour !

Afin de clôturer l’année ensemble et de transiter en douceur vers 2022, je vous propose mon bilan lecture de cette année sur trois jours, aujourd’hui, demain et le jour de l’an.

J’ai repris pour ce bilan annuel le chouette questionnaire crée par Nadia (@madame_reve_encore), cf sa chaîne Youtube  

https://youtu.be/nOlV9vslXdQ
(En début d’année, je le publierai sur ma propre chaîne YouTube https://youtube.com/channel/UC6a0mz7mvBFbko5IA7xcOng)

Nadia a développé 22 questions autour de la lecture, à partir de citations, quelle  idée originale pour parler de ses lectures de l’année ! Merci Nadia.

Pour ce jeudi 30 décembre, voici les 8 premières questions. Zou !

 1/  » La lecture est une amitié  » (Marcel Proust) : un livre sur l’amitié 

 » Des diables et des saints  » de J.B. Andrea (2021), qui montre le rôle que peut jouer l’amitié lorsqu’il s’agit de surmonter des situations atroces, son importance pour aider des enfants à essayer d’avoir une belle et riche vie malgré des débuts plus que difficiles.

2/  » La lecture, une félicité qui se mérite  » (Emile Ollivier) : un livre qui m’a demandé un effort

 » Disent les imbéciles  » de Nathalie Sarraute (1976) : une lecture où on a aucun repère de temps, de personnages, de lieu, qui nous oblige à renoncer à tous les codes classiques du roman. C’est déroutant et exigeant mais permet d’aller au plus près de la pensée de l’auteur, riche expérience.
3/  » La lecture commence les yeux fermés  » (Yvon Rivard) : un livre dont je ne savais rien

 » Tout s’effondre  » de Chinua Achebe (1958). Je ne savais même pas qu’il se déroulait en Afrique, à vrai dire… Gros coup de coeur pour ce classique de la littérature africaine qui traînait dans ma PAL depuis des années.
4/  » La lecture est l’apothéose de l’écriture  » (Alberto Manguel)  : livre le plus éblouissant par son écriture

 » Une vie « , de Maupassant (1883). Lire Maupassant est toujours un éblouissement.
5/  » La lecture encombre la mémoire et empêche de penser  » (Herbert George Welles) : un livre qui m’a obsédée
 » L’Outsider  » de Stephen King (2018). Je suis toujours obsédée quand je lis du King. C’est le seul auteur qui peut me créer des obsessions pour certains personnages. J’ai été particulièrement obsédée par certains personnages de ce 3è tome qui clôt la trilogie  » Monsieur Mercedes « .
6/  » Lis avec lenteur à une époque où on nous parle de lecture rapide et de lecture en diagonale  » (Jean Prieur) :  un livre que j’ai lu lentement :
 » La retraite sentimentale  » de Colette (1900). Je l’ai lu très lentement, pour mieux me délecter de son humour, de sa tendresse, de sa personnalité, de ses si belles descritions de la nature.
7/  » Une lecture m’émeut plus qu’un malheur réel  » (Gustave Flaubert) : une lecture qui m’a émue, fait pleurer
La lecture qui m’a le plus émue cette année, c’est  » La vie devant soi  » de Romain Gary (1975). J’ai pleuré de chaudes larmes d’émotion, ce qui m’arrive extrêmement rarement en lecture.
8/  » Une lecture amusante est aussi utile à la santé que l’exercice du corps  » (Emmanuel Kant) : un livre qui m’a fait rire.
À nouveau  » La vie devant soi  » de Romain Gary. Il m’a tout autant fait rire que pleurer, il m’a émue dans tous les sens, il m’a secouée. C’est un chef-d’oeuvre. Ma meilleure lecture de l’année 2021.
Suite demain…

N’hésitez pas à participer en commentaire ou bien à reprendre le questionnaire de Nadia sur vos réseaux sociaux (sans omettre de la citer, bien entendu !)

Belle fin de journée !

🐦🌸Les jours rallongent et on entend des petits oiseaux gazouiller, quel bonheur !🌸🐦

Juste avant de mourir, de S.K. Tremayne

Kath mène une vie heureuse avec son mari Adam, gardien du parc national où ils habitent, et de leur petite fille Lyla, atteinte du syndrome d’Asperger.

Mais la vie de Kath est bouleversée par un accident dont elle est sortie vivante, la semaine précédente. Sa voiture a plongé dans un lac et tout tend à montrer qu’il s’agit d’une tentative de suicide. 

Kath est persuadée du contraire. Jamais elle n’aurait pu laisser sa petite fille. Mais elle a subi un léger traumatisme crânien durant l’accident et souffre d’amnésie concernant les heures juste avant. 

Déterminée à comprendre ce qui a pu se passer le jour de l’accident, Kath va tout mettre en oeuvre pour retrouver la mémoire.

Bon. J’ai voulu relire du thriller, j’ai raté mon coup. 

Points positifs d’abord : 

Chouette ambiance anxiogène, majorée par de belles descriptions des landes sauvages anglaises ainsi que par les traditions occultes encore assez fortes de la région, à priori. 

Une écriture très (trop…) limpide. Çà se lit très très vite.

Une petite fille atteinte d’autisme très touchante et vraie, on sent que l’auteur s’est bien renseigné. 

Clairement, l’ambiance très mystérieuse et sombre de ce roman est le point fort de ce roman, même si c’est un peu too much parfois (on sent que l’auteur étale ses connaissances acquises pour l’écriture de son roman).
Et puis…des dialogues qui trop souvent apportent peu à l’histoire, souvent gnan-gnan en plus, bouh çà m’a agacée ; une petite fille Asperger scolarisée et non prise en charge médicalement, ce qui n’est absolument pas  réaliste ; l’attitude froide, méprisante, voire maltraitante  d’Adam envers sa femme qui vient de subir un grave accident, attitude incompréhensible et insensée.

Et puis  surtout, boudiou, un dénouement complètement farfelu qui arrive d’un coup, tombe comme un cheveu sur la soupe, complètement tiré par les cheveux, j’ai cru à une blague, j’ai franchement ri, ah mais quel fou-rire !

Bon voilà, une expérience pas terrible du tout pour moi, cette lecture. 

Mais j’ai bien ri, c’est déjà çà.

Tag littéraire de Noël 🌲

​J’ai été taggée par Lisa sur sa chaîne YouTube

https://youtu.be/LVbMohOzWio

J’y réponds avec joie !

Il s’agit à la base d’un tag de Noël initialement crée par deux youtoubeuses littéraires @pikitibouquine et @laurasreadings. 

Zou !

1 / Quel livre aimerais-tu trouver sous le sapin ?
Un beau livre d’art, notamment un de ceux des quelques expos que j’ai pu voir cette année, plus particulièrement le livre de l’expo Georgia O’Keeffe, ou celui des cerisiers en fleurs de Damien Hirst. 
2/ Quel livre offrirais-tu à un proche à Noël ?

Chaque Noël, en plus de leur cadeau, j’offre en bonus à ma mère et à chacune de mes soeurs une de mes meilleurs lectures de l’année, format livre de poche, accompagné d’un marque-page fait de mes petites papattes. 

J’adore partager ainsi avec elles mes meilleures lectures récentes. Ensuite elles se les échangent, j’aime ce concept de la littérature qui circule. 

Cette année elles recevront : « Jeu blanc » de Richard Wagamese, « La Discrétion » de Faïza Guène,  » Best Love Rosie » de Nuala O’Faolain et  » Personne n’a peur des gens qui sourient », de Véronique Ovaldé. 

Elles vont donc voyager en France, en Algérie, au Canada et en Irlande.
3/ Le livre qui te donne froid

Un super polar offert par une amie suisse (coucou!), « Horrora Borealis » de l’auteur suisse Nicolas Feuz. Une prise d’otage dans un festival de musique en Suisse avec en arrière-fond quelques années plus tôt le voyage hivernal en Laponie d’une famille suisse, voyage dans le grand froid lapon qui avait viré au cauchemar. Glaçant et très addictif. Je suis pas très polar, mais là, je recommande.

4/ Le livre qui te réchauffe le coeur

 » La vie devant soi  » de Romain Gary, condensé de tendresse, d’amour et d’humanité.
5/ Le personnage avec qui tu te blottirais bien sous la couette

L’adorable Plum !

6/ Le personnage littéraire que tu inviterais volontiers à ta table de fête

Colette. J’aurais adoré rencontrer cette femme. Papoter avec elle, parler chats, monde, nature, philosophie et politique, autour d’un bon pot-au-feu en guise de dinde, je suis sûre qu’elle adorait le pot-au-feu. Et de la tarte aux pommes en guise de bûche.
7/ Livre ringard comme un pull de Noël

Fastoche. J’aime le kitsch et le vintage. Vraiment. Et je cède parfois en bouquinerie à l’achat de vieux bouquins aux titres et couvertures vieillottes, j’adore çà, çà me fait marrer en plus de me rappeler la petite bibliothèque de ma grand-mère. Voici ma sélection sur mon étagère de livres kitsch :

8/ Dans quel livre aimerais-tu passer Noël ?
Bon, j’aime pas trop la période de Noël, donc la retrouver comme ambiance dans un livre, pas mon truc. Mais si j’avais pas le choix, sans hésiter un roman japonais contemporain, pour passer les fêtes là-bas, comme j’ai l’intention de le faire un jour.
9/  Quel livre aimerais-tu voir adapté en film ou série ?
Dur dur. J’aime pas voir les films ou séries adaptés des livres que j’ai lus. Je préfère rester sur mes perceptions et images. Mais bon, l’adaptation du  » Meurtre du Commandeur » de Haruki Murakami me déplairait pas, rien que pour passer quelques heures dans les montagnes japonaises.
10/ Un livre qui te fait retrouver ton âme d’enfant
Je lis rarement du  » Jeunesse ».  Mais ce qui me fait retrouver mon âme d’enfant, c’est d’ouvrir de temps en temps (en faisant les poussières) un de mes précieux exemplaires de  » La petite maison dans la prairie », achetés gamine  avec mes premiers francs d’argent de poche,  lus la nuit sous ma couette  » Panthère Rose » dans mon pyjama  » Pierrot ».

11/  Quel livre pourrait remplacer la bûche dans la cheminée ?
Brûler un livre ?! Quelle horreur….

Mais en cas de grande froidure, de rupture de bois ou de coupure générale d’électricité prolongée, je brûlerais sans regret « La brodeuse de Winchester » de Tracy Chevalier.
12/ Pour décorer le sapin : le plus beau livre de ta bibliothèque

Il pèse une tonne donc le sapin n’y survivrait pas,  mais mon livre le plus beau est un livre d’art, « Entre ciel et terre » de Fabienne Verdier, artiste-peinte que j’adore, dont je ne loupe aucune expo, ses toiles me fascinent. Elle peint d’immenses toiles à partir d’énormes pinceaux de calligraphie chinoise, art qu’elle a étudié 10 ans en Chine dans sa jeunesse.

Et voilà !

N’hésitez pas à faire ce tag en commentaire ou sur vos blogs (sans omettre  dans ce cas d’en citer les créatrices bien entendu), je serai ravie de vous lire, j’ai même hâte !

Belles fêtes à vous !🌲💚

Le voyant d’Étampes, d’Abel Quentin

[Ce bouquin à la couv’ sublime, je le lorgnais depuis des semaines, il avait beaucoup de bons retours, il m’intriguait. Hop acheté en auto-cadeau de Noël, il n’a même pas eu le temps de se faire emballer et de mijoter sous le sapin, j’ai craqué le week-end dernier, voilà pour la ptite histoire].

Jean Roscoff est parisien, prof de fac fraîchement retraité, alcoolique conscient. Il est assez isolé depuis son divorce, c’est sa femme qui gérait leur vie sociale, il ne voit quasiment plus que sa fille, coach en entreprise, son ex collègue-amie secrétaire à la fac, son ami avocat rencontré alors qu’il était étudiant, avec qui avec qui il militait pour SOS racisme et Mitterand.

Jean tourne en rond et s’ennuie de lui-même. Il a besoin d’un projet, ça pourrait l’aider en plus à moins picoler. Alors il reprend un manuscrit qu’il avait débuté il y a plusieurs décennies, retraçant la vie d’un poète méconnu afro-américain, communiste, qui était venu s’insaller à Paris dans les années 50. 
L’homme avait fréquenté Sartre et ses disciples avant de s’isoler en Essonne, à Étampes, où il avait écrit de très beaux poèmes qui avaient  ému et interpellé Jean. 
Jean travaille avec acharnement et parvient à faire publier son essai sur le poète. Il est peu vendu mais s’en fiche. Il se sent mieux dans sa vie, tout roule à peu près, hormis les titillements de sa belle-fille, compagne de Léonie, geek féministe ultra-militante, qui voit en lui l’image suprême du patriarche oppresseur bienpenseur. 
Tout bascule le jour où est publié sur un blog une chronique de son livre, accusant Jean de racisme. Pris dans une traînée de poudre de hashtags sévères et engagés, l’article sera relayé sur la toile jusqu’à faire le buzz et faire de Jean Roscoff l’homme dont la tête doit tomber.

Jean, ex-militant SOS racisme ne comprend pas ce délire internétal, se voit pris dans des luttes dont il n’imaginait pas la présence, accusé de pensées qu’il n’a jamais eues.
Alors qu’il a voulu mettre en avant l’oeuvre poète méconnu qui l’a touché, le voilà projeté dans les luttes anti-racistes et identitaires du XXI ème siècle,  parce que le poète était de peau noire et que Jean ne l’aurait pas développé dans son livre. Le voilà de plus accusé d’appropriation culturelle.

Par ce roman qui a obtenu le prix de Flore 2021, Abel Quentin nous offre un truculent et très fin portrait de notre société contemporaine, nous plonge dans les dérives pouvant exister autour de la notion d’identité, dans les nouvelles radicalités, dans les dangers potentiels des réseaux sociaux, des communautés virtuelles. Thématiques très intéressantes.
Le ton est satirique, mode Houellebecq, mais sans causticité, avec toujours du respect et même de la tendresse, ce qui permet de bien saisir les enjeux et positions variés, de comprendre ce monde nouveau, de saisir les différences entre les générations. J’ai vraiment aimé cette absence de parti-pris, qui est propice à la réflexion pour le lecteur.
La plume est simple, fluide, drôle, très agréable.
Il y a par contre pas mal de longues digressions sur des évènements politiques, philosophiques, culturels du passé, qui m’ont donné une impression de déballage de connaissances et a pu me lasser, même si les informations restent tout à fait appropriées par rapport à l’histoire. 

C’est loin d’être un coup de coeur car il y a eu pas mal d’ennui pour moi, notamment sur la fin, mais j’ai passé un plutôt bon moment avec cette histoire à la thématique ultra contemporaine sur fond de chasse aux sorcières, de lutte anti-raciste des noirs américains dans les années 50, d’existentialisme et de Saint-Germain-des-Prés. 
En revanche, un truc m’a un peu affligée.  Pour ceux qui l’ont lu, avez-vous noté l’énorme anachronisme à la toute fin du dernier chapître, juste avant  le petit épilogue ? C’est peut-être un petit détail, mais je les repère direct, et ce genre de truc, çà m’enerve et a tendance à influencer considérablement mon ressenti sur un bouquin, surtout pile à la fin.

Chez nous, de Marilynne Robinson

Iowa, années 50.

Glory, trentenaire célibataire, professeur, revient habiter chez son père dans la maison où elle a grandi avec ses nombreux frères et soeurs. 

Elle vient s’occuper de son vieux père mal en point, mais on sent aussi la fuite d’une situation difficile dans ce retour au bercail. 

Glory prend naturellement en charge la maison et s’y emploie avec passion, soucieuse que son père vive le plus sereinement possible les derniers moments de sa vie, soucieuse aussi, on le pressent, d’oublier ses tracas. 

Dans cette vieille maison pleine de souvenirs, restée dans son jus, Glory se remémore son enfance, plutôt heureuse. Son père, ancien révérend de la ville, homme grincheux mais aimant, aux vieilles habitudes et aux pensées un peu rigides, savoure cette assistance féminine qui lui fait défaut depuis la disparition de sa femme il y a quelques années. 

Glory commence à envisager de faire sa vie ici, à vivre seule dans cette grande maison, à accueillir chaque année ses frères et soeurs et leurs familles pour Thanksgiving et Noël.
Mais voilà que débarque Jack, le frère dont on ne parle jamais, celui qui gamin faisait les pires bêtises, qui a disparu des radars depuis plus de 20 ans, qui n’est même pas venu à l’enterrement de sa mère. 

Glory le connaît peu, elle était enfant lorsqu’il est parti. Jack  faisait tâche dans cette famille très attachée aux apparences. Il a chamboulé la conception de l’amour, de la foi et du pardon de sa famille et a fini par partir sans donner de nouvelles, avant même d’avoir terminé ses études.
Jack est donc de retour, avec son passé ombrageux, son alcoolisme à peine dompté, sa crainte du regard et du jugement de son père. Jack ne sait pas que malgré son comportement ingérable durant l’enfance, il a toujours secrètement été le fils préféré de son père, et que celui-ci a le coeur brisé depuis son départ.

Les deux hommes vont lentement essayer de se comprendre, de se parler, parfois par l’intermédiaire du meilleur ami du père, révérend également, qui en veut beaucoup à Jack sur ses déviances dans le passé, tout comme les habitants de la ville qui le voient revenir avec méfiance et seront tentés de l’accuser de tous leurs malheurs. 

On assistera à de nombreux et riches échanges et réflexions sur la foi, le destin, l’amour, l’âme, la rédemption entre Jack, son père et son ami, sous l’oeil angoissé de Glory. 
Jack et Glory vont apprendre à se connaître, vont se livrer en douceur, se rapprocher, s’entraider, tout en tentant d’apaiser leur vieux père tout chamboulé par le retour de son fils et sa mort qui se profile.
C’est un très beau roman sur la famille que nous offre l’auteur américaine Marilynne Robinson. Sorti en 2009, il traite très subtilement de la complexité de cette fragile structure, des destinées différentes malgré une éducation identique, mais surtout, de l’amour qui s’y consumme et s’y ravive, grâce aux petits gestes du quotidien, une tasse de café bue le matin en regardant le jour se lever, un instant de jardinage ensemble, la préparation d’un repas. C’est très beau, fin, universel.
L’écriture est dense mais très fluide, alternant souvenirs et présent, jamais on ne se perd et c’est passionnant de découvrir les histoires  de vie et la psychologie de Glory et de Jack. 

Ce fut vraiment un très beau moment littéraire, je serais bien restée plus longtemps dans cette maison américaine vieillotte aux couvertures crochetées et à l’odeur de pancakes mêlée d’encaustique, avec ces personnages venus y puiser la force pour la suite de leur parcours de vie.

Le coeur synthétique, de Chloé Delaume

Adélaïde, 47 ans, sans enfant par choix, vient de rompre avec son compagnon après quelques années de vie commune, parce qu’elle s’ennuyait. Elle n’a jamais été célibataire et cela l’effraie. D’autant qu’elle semble constater que les rares hommes célibataires de son âge sont plus attirés par les trentenaires. Alors elle tente de s’accommoder du riquiqui appartement parisien qu’elle peut s’offrir avec son salaire d’assistante d’édition. Elle essaie de se centrer sur son travail, d’autant qu’elle a la pression, un des auteurs qu’elle représente est pressenti pour le Goncourt, faut assurer niveau promo et soutenir l’écrivain tendu. 

Ça fleure le feuilleton ronron de magazine féminin, non ? Ben c’est exactement çà. Avec les gros clichés en prime. 

On a pas mal parlé ce titre qui a obtenu le prix Médicis en 2020. Malgré un thème qui m’attire très peu, j’ai voulu tenter. Quelle catastrophe ! Les aventures dragouillettes d’une quadra immature qui n’a jamais fait l’expérience de la solitude, qui drague dans les fêtes bobo parisiennes mode musique tendance et cocaïne, qui angoisse, déprime, prend un chat, quelle caricature. Elle est soutenue par sa « sororité », ses meilleures amies bien stéréotypées : la poétesse foldingue, la féministe lesbienne, la femme mariée qui bien sûr s’ennuie, une bande qui part en week-ends ensemble pour parler mecs, règles, boire des gins-tonics, faire brûler de la sauge et incanter les déesses pour qu’Adelaïde trouve un mec. Mais quelle horreur…ça existe vraiment, des femmes qui font çà ? A 15 ans, je veux bien, mais vers la cinquantaine…?😱

Adelaïde à un moment regrette même d’avoir largué son compagnon, parce que bon, quand même, grâce à lui, elle avait un grand appart, une baignoire, tout le confort…Non mais quelle blague ! Quelle image fantastique de la femme, immature, déjantée, matérialiste, incapable de s’assumer seule est présentée dans ce roman dit féministe ! 

C’est navrant. 

Clichés sur les femmes, sur les hommes, sur les écrivains…Prix Médicis ??? 🤔 Ce roman m’a prodigieusement énervée. Heureusement, il ne fait que 180 pages, paf en une soirée c’était terminé.

La Discrétion, de Faïza Guène

Yamina est née en Algérie colonisée, d’une famille pauvre, dans un tout petit village. Son père était un combattant de l’ombre, souvent absent. Aînée de sa famille, elle a passé son enfance, adolescence et début de vie adulte à aider sa mère dans la tenue du foyer, à éduquer ses frères et soeurs, à soutenir financièrement sa famille en cultivant la terre, filant la laine et tricotant. 

Yamina fut heureuse au sein de cette famille très traditionnelle, aux méthodes rudes, mais aimante. À 30 ans, malgré sa beauté, elle n’est toujours pas mariée. Une fille non mariée, passé 20 ans, y avait anguille sous roche, pensait-on alors. Les prétendants ne se présentaient plus.
Son père lui trouve alors un mari, le frère d’une fermière voisine, un homme de 40 ans, emmigré en France, travaillant dans les mines et le bâtiment. Yamina ne le connait pas. Elle n’a pas trop le choix. Pour elle, pour la réputation de sa famille. 

Connaissant à peine son mari, elle le rejoint en France au début des annés 1980. C’est un déchirement.
En France, Yamina vivra en banlieue parisienne, dans des conditions difficiles au début, dans un deux-pièces humide sans salle de bain. Elle s’occupe avec tendresse de ses quatre enfants et de son mari, un homme gentil, taiseux, très amoureux d’elle, qu’elle finira par aimer. 

Yamina construit une famille heureuse, joyeuse, perpétue les traditions de son pays, les valeurs de sa culture en interrogeant ses nouveaux repères, soutient fortement ses enfants qui ont la chance d’aller à l’école, ce qui a toujours été son rêve. Son coeur est resté en Algérie, mais elle s’adapte.
Quand la famille aura accès à un HLM trois chambres avec une salle de bains dans une cité craignos d’Aubervilliers, c’est le bonheur. Avec un petit jardin ouvrier, en plus, où Yasmina va se reconnecter à la terre. Malgré un tout petit budget, la vie devient bonne. Ils vivront toute leur vie à Aubervilliers où le cadet de 27 ans, chauffeur Über, se fait encore chouchouter chez les parents. 
Faïza Guène nous embarque dans la vie et la tête de Yamina et des siens, alternant des séquences du passé, enfance de Yamina en Algérie, souvenirs d’enfance de ses propres enfants, avec des séquences du temps présent, nous plongeant ainsi dans le quotidien, comme le traditionnel repas familial du samedi midi, mais aussi les jobs mal payés, les vies et émancipations de chacun, la composition avec le racisme  malheureusement  « ordinaire », tristement banalisé, la rebellion et les difficultés des filles, avec toujours en arrière-fond la douceur de Yamina, femme lumineuse, forte et intelligente, mais trop discrète, trop peu affirmée selon ses filles. Yamina, une femme discrète, fontaine intarissable d’amour, que ses enfants sauront lui rendre.
Les enfants français de Yamina devront se construire entre deux cultures, trouver leur place dans un environnement parfois hostile, prendre avec eux mais aussi combattre l’effacement, la discrétion, la colère enfouie dont leurs parents ont dû se vêtir pour s’intégrer au mieux en France, pour se trouver eux-mêmes et faire leur place dans ce pays  d’adoption qui est aussi le leur.

C’est passionnant, écrit simplement, sans aucun pathos, juste du concret, du vécu. La scène de fin, anodine mais si subtile, m’a bouleversée, j’ai fondu comme une madeleine, ce qui m’arrive extrêmement rarement en lecture. 

Faïza Guène signe là un roman très autobiographique, fin, percutant, qui nous offre une merveilleuse fenêtre avec vue sur la vraie vie contemporaine française.
C’est un texte fort sur l’identité et l’intégration, qui nous présente de biens belles personnes, qui font la richesse de la France et continuent de construire son histoire, n’en déplaise à certains.

Les pages concernant les ressentis de cette famille française d’origine algérienne, à qui on fait comprendre que ce serait mieux de manifester à part  après les attentats de 2015/2016, sont terribles. 

« Un peuple uni ne se divise pas pour pleurer ses morts. C’est même à çà qu’on devrait le reconnaître. » Tout est dit, tout est là.

À lire, offrir, partager, en ces temps de stigmatisation nauséabonde.

Coups de coeur culturels de novembre

Voici un petit partage de mes coups de coeur culturels du mois de novembre.

🍁 Je regarde assez peu de séries car je me lasse très très vite et abandonne souvent après 2 ou 3 épisodes, mais j’ai beaucoup aimé cette mini-série japonaise (6 épisodes de 50 minutes, parfait),  » La maison de la rue en pente « , diffusée gratuitement sur le site d’Arte jusqu’en septembre 2022.

Cette série raconte l’histoire d’une jeune mère au foyer qui est sélectionnée pour être jurée dans le procès d’une femme coupable d’infanticide. Sa vie et sa confiance en elle vont être chamboulés. Un très bon suspens psychologique traitant de la place bien spéciale de la femme dans la société très patriarcale japonaise. Glaçant.
Voici le lien : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-021502/la-maison-de-la-rue-en-pente/

🍁 Niveau lecture, sur les 6 romans lus ce mois-ci, incontestablement mon chouchou fut le Livre 2 du  » Meurtre du Commandeur » de Haruki Murakami, j’en ai déjà parlé ici.

🍁 Niveau musique, je suis raide dingue du dernier album de Juliette Armanet, fraîchement sorti. Boudiou çà fait bien longtemps que j’avais pas écouté ainsi en boucle un album. Textes, musique, arrangements, tout est excellent, wouch quelle artiste !

Toujours niveau musique, j’ai également découvert cette chouette chaîne YT de musique douce jazzy qui accompagne parfatement mes séances de lecture et me permet grâce au casque un petit cocon isolant très relaxant:

🍁 Niveau cinéma, je suis allée voir quelques films. Énorme coup de coeur pour le dernier film de Jacques Audiard,  » Les Olympiades  » qui nous plonge au coeur de la vie de trentenaires multiculturels vivant dans ce quartier du 13è arrondissement parisien. Acteurs remarquables, plans, zooms, extras, et ne parlons pas de la musique planante de Rone. Ce film est une merveille.

J’ai également eu la chance de pouvoir voir en avant-première le dernier film de Pedro Almodovar,  » Madres Paralelas », qui sort officiellement aujourd’hui en salle, un bon Almodovar, je le recommande.

🍁 Niveau film documentaire, gros coup de coeur pour  » Le royaume de Malika « , disponible en replay gratuitement sur le site Arte,  voici le lien :

On y croise Malika, septuagénaire, qui tient un petit café-buvette tout simple dans le désert algérien, à proximité d’un axe routier reliant deux grandes villes. Malika accueille les voyageurs, souvent des habitués, les requinque, les écoute. Elle livre un peu sa vie, ce qui l’a conduite dans ce « trou perdu ». Une femme incroyable, un documentaire trés touchant.

🍁 Enfin, un téléfilm à ne surtout pas manquer, extrêmement drôle, limite absurde comme j’aime, mais toujours très fin, un film qui file la pêche, parfait en cette fin d’année plutôt…euh … contrariante ?

C’est  » Basse saison », avec la pétillante Emmanuelle Devos, au top de son art, c’est également sur Arte, et puis gratuit donc hop on profite, voici le lien :

Bon mois de décembre !