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Archives Mensuelles: janvier 2021

Personne n’a peur des gens qui sourient, de Véronique Ovaldé

27 mercredi Jan 2021

Posted by labibliothequeroz in lecture

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Gros coup de coeur pour ce roman de Véronique Ovaldé, paru en 2019.

Dans une petite ville côtière du sud de la France, vers la mi-juin, Gloria fait son sac. Passeports, objets essentiels, Beretta. Elle quitte l’appartement sans se faire voir, passe prendre ses filles à l’école, puis au collège et roule toute la nuit, direction l’Alsace, pour s’installer dans la vieille maison isolée en bord d’un lac de feu sa grand-mère, dont elle a hérité.

Que fuit Gloria ? Le père de ses filles, un faussaire un peu alcoolique ? Son avocat si prévenant qui gère ses affaires et prend les petites pour ses petites-filles ? 

Gloria doit se sentir sacrément en danger pour abandonner Tonton Gio, sa seule famille, meilleur ami de son père décédé, qui veille sur elle depuis toujours, un homme misanthrope, parano, collectionneur de boites à musique miniatures, patron de rade, qui ne boit que du thé vert japonais, ne mange que le poisson  qu’il pêche, quel personnage, ce Tonton Gio, j’ai adoré.  

Gloria et les filles passent un bon été en Alsace, même si Gloria est sur ses gardes et que l’aînée râle qu’elle lui ai confisqué son portable. Puis Gloria leur fait faire la rentrée scolaire sur place. L’aînée se rebelle, la petite tombe malade.

Par de réguliers flash-backs, on plonge dans le passé de Gloria : l’abandon de sa mère quand elle était enfant, son père qui ne s’en remettra pas, Tonton Gio qui soutient les deux, l’adolescence triste et seule, la maladie du père, l’arrêt des études, l’amour, l’héritage, la rencontre avec l’avocat, l’arrivée des filles…

C’est haletant, on se demande en permanence ce qui a  bien pu se passer pour que Gloria se sente si menacée au point de fuir.

Ça pourrait être un roman sombre, çà ne l’est pas du tout, c’est solaire, rempli de vie, on se marre bien avec des personnages originaux et des situations cocasses, en s’immergeant dans une vie quotidienne joyeuse, remplie de tendresse, sans pour autant être mièvre. On s’amuse également grâce à la plume de l’auteure, ses longues parenthèses ou petits appartés, ses phrases envolées, échêvelées, ses métaphores si drôles, sensibles, Véronique Ovaldé danse avec les mots, c’est un vrai régal. 

C’est un roman oppressant et joyeux à la fois, et c’est succulent.

La chute est totalement inattendue, diabolique, quel bonheur d’être surprise ainsi !

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Le jour d’avant, de Sorj Chalandon

24 dimanche Jan 2021

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 11 Commentaires

Depuis plusieurs mois, plusieurs personnes me pressaient de lire Sorj Chalandon, qu’elles adorent. Je viens de  terminer la lecture de  » Le jour d’avant », paru en 2017, qui a reçu de très bonnes critiques. Pour ma part, je n’ai pas été emballée plus que çà…

1974, Nord de la France. Michel, 16 ans, vénère Joseph son frère plus âgé, qui a choisi la mine plutôt que la mécanique ou l’agriculture, au grand désespoir de leur père qui rêve qu’un de ses deux fils reprenne la ferme. 

Michel va souvent dormir chez Joseph, « en ville », dans les corons. Après les vacances de Noël, quelques heures avant que Joseph ne redescende à la mine, les deux frères, après avoir un peu bu, partent en pleine nuit « faire les cons » en mobylette. Le lendemain matin, un coup de grisou emporte 42 mineurs dans le puits où travaillait Joseph.
40 ans plus tard, en 2015, Michel est devenu chauffeur-routier. Il n’a jamais oublié son frère. Pour lui, la mine a ravagé sa famille, son père décédé tragiquement quelques mois après, sa mère partie peu après. 

Après le décès de sa femme emportée par un cancer, Michel quitte Paris pour retourner dans le Nord, régler ses comptes avec son histoire.

 [déjà, la description bien larmoyante de la fin de vie de sa femme en début de roman, c’était long, ça m’a agacée, je voyais pas trop le rapport avec l’objet du livre…et puis un chauffeur-routier et une institutrice qui habitent Paris centre, c’est pas du tout réaliste vu les prix, je dois dire que dès le début du roman,  j’ai levé les yeux au ciel. Mais j’ai décidé de persévérer, il est court]

Il s’agit là d’un drame personnel, sur fond de drame social et familial. Triple dose de drame et d’émotion, çà n’a pas pris pour moi, je n’ai pas accroché, çà m’a fait l’effet inverse et presque laissée de marbre. 

L’histoire de vie de Michel est pourtant intéressante, mais le récit est très orienté sur le social et la psychologie profonde du personnage est au final peu développée. L’auteur se centre sur le dur travail dans les mines, la vie des mineurs, les abus des compagnies minières, c’est très développé et documenté, on sent que l’auteur est journaliste à la base. Et orienté. Or je n’aime pas sentir les opinions politiques d’un auteur dans les romans, ce même si elles sont miennes.
Tout de même, le fond du fond de cette histoire, à savoir le pouvoir qu’a le psychisme de transformer la vérité face à l’horreur et à la culpabilité, c’était vraiment bien trouvé.
C’est un texte bien mené, qui tient en haleine avec ses révélations progressives, hélas j’avais compris assez tôt les vrais tourments de Michel, ce qui fait que j’ai trouvé celà bien long jusqu’aux explications finales. 
Enfin, j’ai eu bien du mal avec le style d’écriture aux phrases très très courtes, je n’aime pas celà, toutefois les lecteurs aimant ce style s’y retrouveront parce que c’est très bon.
Je ne sais pas si je lirai d’autres titres de l’auteur, parce qu’au final, je ne crois bien que n’est pas (plus) mon style de lecture, tout simplement.

La veangeance m’appartient, de Marie Ndiaye

20 mercredi Jan 2021

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 12 Commentaires

La petite boule rousse enfouie au creux du fauteuil, c’est JP le bienheureux.

Voilà quatre ans que je guettais la parution d’un nouveau roman de Marie Ndiaye. Sorti le 7 janvier dernier, hop direct dans ma besace.

Nous voilà plongés dans les pensées Me Susane, quarantenaire avocate à Bordeaux, qui peine à développer son cabinet. Cette femme grande, forte, aux cheveux courts hirsutes, est effroyablement seule. D’une froideur fascinante avec ses proches, d’une chaleur inouïe avec des inconnus, comme sa femme de ménage mauricienne sans papiers, qu’elle paye à ne rien faire, dont elle cherche à s’attirer l’amitié, pour laquelle elle s’emploie à défendre gratuitement le problème administratif. On sent qu’elle se cache à elle-même bien des souffrances, Me Susane. 

Un jour, un homme entre dans son cabinet pour lui demander de défendre sa femme infanticide, un fait divers qui avait fait la une des journaux. Me Susane (on ne connaîtra pas son prénom, ce qui rend le personnage et le récit encore plus étranges) croit reconnaître en lui le jeune adolescent qui l’avait emenée jouer dans sa chambre tandis que sa mère repassait le linge de la famille qui l’employait. Depuis cet après-midi-là, ses parents avaient vu leur fille unique se transformer. Me Susane se souvient d’un moment de joute verbale terriblement grisant qui lui avait donné envie de devenir avocate. Son père est persuadé qu’elle a toujours caché un drame. Ceci a toujours été l’objet de tensions sous-jacentes entre Me Susane et ses parents, outre le fait de la difficulté de Me Susane à gérer l’ascension sociale liée à ses études et le fossé qu’elles ont subrepticement généré avec le monde de ses parents. L’exploration de ses sentiments vis à vis de ses parents est très intéressante et inédite : elle les aime infiniment, profondément mais ils l’encombrent en même temps, il lui est très difficile de gérer ces sentiments ambivalents.

Depuis la visite de cet homme, Me Suzane va lentement vaciller. Elle va devoir faire face à ses souvenirs profonds et flous, à ses pensées les plus enfouies, questionner ses parents, tout en tentant de trouver du discernement vis à vis de ce père meurtri, le courage de se confronter à cette femme infanticide, tout en faisant face à sa femme de ménage qui lui ment, à son ex qui devient étrange. 

C’est troublant, oppressant. Sombre-t-elle dans la folie ou developpe-t-elle toute sa puissance ? Le mari de sa cliente est-il l’adolescent de ses 10 ans ? Sa cliente infanticide est-elle coupable ou victime ? 

Les raisons qui ont poussé cette femme à cet acte sur ses trois jeunes enfants sont un véritable coup de poing dans le ventre. Les retranscriptions des interviews de cette femme, réalisées au centre de détention  se lisent en apnée, l’horreur renforcée par le style d’écriture très particulier choisi par l’auteure. Le rapprochement entre les deux femmes est captivant.

On doute de tous et de tout en permanence, on finit par  douter sérieusement de Me Susane, comme toujours avec Marie Ndiaye on frôle l’onirisme, elle nous fait osciller entre songes et pensées, injectant au passage un peu de culture exotique, c’est un vrai bonheur de se laisser porter.

J’ai aimé retrouver le style est brut, charnel, complexe, dur et doux à suivre, ce style incomparable de Marie Ndiay, puissant, on sent que l’auteure écrit comme se présentent l’histoire,  les personnages et ses propres pensées, ça jaillit en cascade avec de petites échapées pour finir en fleuve solide fluide, c’est très fort.

 J’ai été envoûtée par ce roman très humain qui explore de facon originale, profonde, brillante, le processus de création de pensées étranges ainsi que les souvenirs obscurs qui façonnent les actes humains. 

Le silence de la mer

15 vendredi Jan 2021

Posted by labibliothequeroz in lecture

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J’ai eu envie de relire ce recueil en ce début d’année.

Le silence, la sobriété, la décence, le respect de soi et de ses valeurs, comme armes face à la tourmente, à l’inacceptable, à certaines situations où l’on est impuissant, voilà ce que veut nous montrer ce texte. 

Le silence qui peut, dans certaines situations, être le meilleur playdoyer. Relire régulièrement ce texte écrit au creux des heures les plus sombres de notre histoire contemporaine, çà résonne toujours fort. 

Ce vieil homme et sa nièce, qui doivent loger un officier allemand, ont choisi de résister par le silence. L’officier s’avère être un homme charmant, extrêmement poli et respectueux, cultivé, sincère. Il vient leur parler chaque soir, au coin du feu, de son sentiment profond sur le conflit, de son amour pour la France. Il tente de se rapprocher de ses hôtes, de les faire parler. On sent que cet homme les surprend, les attire, mais les voilà pris dans une mêlée légitime de rancoeurs, de paradoxes, d’incompréhesions. Cèderont-ils ? Est-il possible de considérer l’humain dans l’ennemi ? Quel sens a la guerre ? Passionnante relecture.
Les autres nouvelles du recueil, souvent occultées, sont tout aussi passionnantes en terme de lutte pour la défense de ses idéaux et valeurs, de dénonciation des phénomènes d’embrigadement, de la lâcheté, perversité et manipulation.
Je ne me rappelais pas de « Ce jour-là », de cette dernière promenade de ce petit garçon avec son papa, un petit garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive dans l’horreur des dénonciations. Poignant, inimaginable. Et pourtant si…
À lire, relire, faire lire, ne serait-ce qu’en hommage à l’auteur, un résistant, qui au coeur des heures les plus noires, a su non seulement écrire ces textes, mais, ainsi que ceux d’autres auteurs, les faire publier dans une petite maison clandestine qui deviendra les fameuses Editions de Minuit.
Sur ce, Jean-Pierre vous souhaite un bon week-end, qu’il a pour sa part débuté par un bon petit roupillon après avoir grapillé quelques miettes de pizza…

Les inséparables, de Simone de Beauvoir

07 jeudi Jan 2021

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 20 Commentaires

Un inédit de Simone de Beauvoir ! Si si ! 🤗

Tout frais sorti en librairie, je n’ai même pas réfléchi, j’ai pris. Hop.

Sylvie rencontre Andrée alors qu’elle a 9 ans. Cette nouvelle camarade de classe la fascine. Nous sommes juste après la première guerre mondiale. À Paris, les deux petites filles suivent l’enseignement d’un institut catholique. Sylvie est subjuguée par Andrée, si intelligente, talentueuse dans beaucoup de domaines. Une très riche amitié va se développer. 

Sylvie nous raconte donc Andrée. Ou plutôt Simone nous raconte Zaza. Car le récit est autobiographique. Simone de Beauvoir nous livre, dans cette nouvelle inédite parue en octobre dernier, l’histoire de Zaza et sa passion pour son amie, décédée à l’âge de 22 ans. 

Une amitié profonde qui marquera sa vie, qu’elle évoquera souvent dans les Mémoires d’une Jeune Fille Rangée, sans trop en dire. Çà m’a d’ailleurs donné une furieuse envie de les relire.

On découvre Zaza, aux vélléités de liberté et d’émancipation, qui se débat comme elle le peut pour se mettre en accord avec les us et coutumes de sa famille de la haute bourgeoisie catholique. Elle a un rang à tenir, un avenir tout tracé : mariage arrangé, maison à vernir, mari à chérir, dîners mondains, voilà ce qui l’attend. 

Mais Zaza/Andrée veut faire des études, veut épouser un homme qu’elle aime.  Elle est tiraillée entre sa liberté et l’amour pour sa famille. Simone/Sylvie, qui vient d’une famille plus ouverte, est horrifiée par la condition de son amie, qu’elle soutiendra jusqu’au bout. 

C’est passionnant. C’est un court récit très intimiste, qui nous révèle beaucoup d’éléments sur la vie et la personnalité de Simone de Beauvoir. La plume est limpide, douce, enrichie de descriptions de nature, de fleurs, mettant en avant une sensibilité lyrique étonnante, assez peu présente dans ses autres romans. 

Simone de Beauvoir n’avait jamais voulu publier ce texte, trop personnel. Grâce à sa fille Sylvie Le Bon de Beauvoir, nous pouvons désormais en profiter, et c’est un vrai bonheur.

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