• About

La bibliothèque Roz

~ Blog de partages et échanges culturels

La bibliothèque Roz

Archives Mensuelles: septembre 2020

Un paquebot dans les arbres, de Valentine Goby

15 mardi Sep 2020

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 12 Commentaires

L’enfance de Mathilde, c’est le Balto, que tiennent ses parents, à quelques encablures de Paris. Les limonades, les cafés, le bruit de la vaisselle qui tinte, le poêle qui ronronne, les bals improvisés le samedi soir quand son père sort l’harmonica et rassemble le village sur son pas de porte. 

C’est la cueillette des champignons le dimanche avec son gai-luron de père, aimant, insouciant, distant, alors Mathilde fait les quatre-cent coups, escalade le donjon effondré, se baigne dans la Seine gelée, garçon manqué, elle cherche l’attention de son père, qu’elle adule, elle rêve de danser dans ses bras, comme sa grande soeur qui y a droit. 

La famille Blanc est heureuse, joyeuse, confiante en la vie qui s’annonce facile en ce début des trente glorieuses.

Mais voilà que les bacilles s’invitent, la santé du père décline, c’est la mise à l’écart, la stigmatisation, et puis les dettes qui s’amoncellent. La famille, qui ne cotise pas à la sécu qui vient tout juste d’être crée, s’enfonce dans le malheur et la précarité, se disloque. 

Mathilde s’accroche. Passant par les pires traitements et privations, mettant en jeu sa santé physique et mentale pour préserver la dignité de sa famille, passer son diplôme de compta, obtenir la garde de son petit frère et aller soutenir ses parents au sanatorium chaque week-end à pied. Elle s’obstine, rafistole, petite adulte avant l’heure, sans jamais se plaindre ni demander, ne comptant qu’occasionnellement sur les rares amis restés et les quelques personnes qui sauront voir et lui tendre la main. Quel personnage fort, digne ! 
C’est une histoire rude, mais très tendre,  centrée non pas sur le pathos mais sur la personnalité lumineuse d’une adolescente combative, qui découvre trop tôt ce que l’humanité peut donner de plus âpre mais qui mais n’en conserve que le beau. 

J’ai aimé cette plongée dans ces trente glorieuses qui n’ont pas été si faciles qu’on aime à l’imaginer. La considération des femmes, le traitement des enfants placés, la mise à l’écart des travailleurs emmigrés, des personnes malades, le racisme, non, tout n’était pas rose. 

L’écriture est limpide, très vivante, explicative, jamais larmoyante. J’ai beaucoup apprécié cette lecture que je recommande chaudement. 

Publicité

Les 10 amours de Nishino

10 jeudi Sep 2020

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 9 Commentaires

Encore un petit billet lecture, faut dire que je suis très en retard dans mes chroniques littéraires, ce roman je l’ai lu il y a plusieurs semaines. 

[D’ailleurs je songe à complètement réorienter ce blog sur la lecture et l’écriture, ou bien à en créer un autre, j’y réfléchis, on verra]. Bref, zou. 

Dans ce très beau roman japonais, dix femmes racontent Nishino, cet homme à femmes, qu’elles ont aimé, à différentes phases de sa vie. Une étudiante, une femme au foyer, une N+1, une lycéenne…Tour à tour, chacune prend la parole. C’est une structure de roman très originale.

Au travers du récit de leurs souvenirs des moments passés avec Nishino, chacune nous éclaire sur l’histoire et la psychologie de cet homme insouciant, fuyant, qui s’imposait dans la vie des femmes qui l’attiraient. 

Qui était réellement cet homme mystérieux, plutôt sans-gênr, souvent détesté au premier abord, mais qui très vite se faisait aimer et  laissait pour toujours de tendres souvenirs dans la tête de ces femmes ? 

Peu à peu la structure de sa personnalité se laisse effleurer, c’est passionnant. On découvre un homme très touchant au delà de son apparence nonchalante et effrontée, bien différent de l’image qu’il laisse à donner.

J’ai adoré retrouver l’écriture poétique, mélancolique et drôle à la fois de Hiromi Kawakami, que j’avais découverte avec son si beau roman « Les années douces ». Elle a l’art de donner un charme fou aux choses les plus simples, à  transcander l’ordinaire. Cette histoire qui pourrait être ennuyeuse à mourir, sous sa plume douce et fine se transforme en un récit envoûtant qui nous plonge dans un univers doux et original, frôlant parfois le surréalisme, qu’on peine à quitter.

De façon subtile, ce roman interroge sur les apparences, l’identité. Sommes-nous nos actes ou sommes-nous un agrégat de sensations et souvenirs que nous laissons chez les personnes que la vie nous amène à côtoyer ? Passionnant.

Chavirer, de Lola LAFON

08 mardi Sep 2020

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 13 Commentaires

Deuxième lecture de cette rentrée littéraire et gros coup de coeur.

Obnibulée trois jours entiers, même le livre fermé au chaud dans le sac ou sur le chevet, parce qu’il faut bien manger, dormir, travailler, voilà dans quel état m’a mise ce roman de Lola Lafon, auteure (également chanteuse et compositrice) dont je découvrais les écrits. 

Il va me hanter encore bien longtemps, ce roman, certainement toujours. Il produit sur moi le même effet que le fabuleux   » rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan.

C’est l’histoire d’adolescentes pleines de rêves, en quête de gloire, qui se font insidieusement embrigader dans un réseau de prostitution infantile, dans les années 80. Des gamines de banlieue, selectionnées parmi les milieux modestes par une jolie rabatteuse,  parisienne si cultivée, gentille, classe, qui s’intéresse à elles, leur fait miroiter la possibilité d’une bourse pour réaliser leurs rêves, qui leur offre mille cadeaux et attentions. La maman idéale. Elle les aide à préparer leurs dossiers, est adoubée par les parents qui n’en reviennent pas de la chance de leur gamine, quelle aubaine, dans ces cités sans avenir. 

Mais il faut à un moment donné passer devant un jury masculin, se trouver un parrain, un gentil quinquagénaire, dejeûner régulièrement seule avec lui et le contenter, pour lui montrer sa motivation, pour qu’il soutienne le dossier. Il faut être « forte, mature »… Et si on veut gagner encore plus de sous ou de cadeaux, on peut présenter ce rêve à d’autres collégiennes. 

Abject. 

Mais ce n’est pas cà qui est décrit. Ce sont les états-d’âmes et constructions de vie de ces gamines, puis de ces femmes, qui nous sont si finement présentés. Des femmes plus détruites par leurs états-d’âme que par les actes, oscillant entre culpabilité et protection de la gentille rabatteuse, s’enfermant dans le silence par peur d’être jugées. Le silence comme protection et comme faille qui les fait passer à côter de leur vie. 

En 2019, une journaliste veut réaliser un documentaire sur ce fameux réseau que le police n’a jamais réussi à démanteler. Elle lance un appel à témoin. Ce femmes parleront-elles enfin ?

Le personnage principal, Cléo, est magnifique. Elle a débuté la danse en MJC et durement travaillé dans des revues ou ballets pour la télé, chez Michel Drucker. Elle s’en est sortie. Elle est forte, dure. Mais tout un pan d’elle même est flageollant. Elle survit, est restée une petite fille. 

La structure du roman très originale présente à diverses époques, des personnages qui l’ont cotoyée. Son histoire est fascinante, ainsi que celle de la si jolie et fougueuse Betty, que Cléo, à 13 ans, prise dans les affres de cet engrenage pervers, a voulu préserver, sans y parvenir. Betty qui ronge Cléo.

Une écriture fine, subtile, fougueuse, une histoire qui scotche, révolte, fait réfléchir sur l’humanité, en plus d’une plongée très intéressante dans le monde de la danse. Un roman terriblement puissant.

Buveurs de vent

05 samedi Sep 2020

Posted by labibliothequeroz in lecture

≈ 11 Commentaires

Englouti en à peine une semaine. J’ai adoré ce dernier Franck Bouysse fraîchement sorti en librairie, au si beau titre.

Une vallée enclavée, une centrale hydraulique, une carrière, une petite ville morne contrôlée par un tyran fou dont la seule fierté est d’avoir crée la centrale, contrôlé le fonctionnement de la ville, mis à sa botte les habitants.

Un peu en dehors de la ville vivent les Volny, famille très modeste. Le père, brut et taiseux, travaille à la centrale, la mère, bigote, servile, tient la baraque silencieusement, le grand-père, estropié par le travail, observe. 

Et puis les quatre enfants. Marc et Matthieu, comme leurs aïeux ont cessé tôt l’école, ils travaillent à la carrière. Marc est passionné de lecture mais son père, dont l’histoire lui a mis en tête que les livres étaient dangereux, lui interdit de lire. Matthieu, lui, aime s’immerger et communiquer avec la nature. Luc, le petit dernier, différent, rejeté par l’école car rien ne rentrait dans sa caboche, cherche le perroquet et le trésor depuis qu’il a entendu « l’île au trésor » à la radio. Et enfin Mabel. Qui se fait appeler ainsi parce que « Jean », son vrai prénom, çà ne pouvait pas le faire. Belle, sensuelle, protectrice et sauvage, Mabel est la seule à avoir compris qu’il fallait à tout prix jouir de la vie, compter sur soi-même, suivre ses rêves.

Dans un monde sans avenir et pour contrer l’asservissement qui les attend, les quatre frères et soeur, soudés depuis toujours, ont pris l’habitude d’aller se balancer sur des cordes accrochées au viaduc. Suspendus chacun à ces gigantesques balançoises, ensemble ils rêvent, observent la vallée, sympathisent avec les oiseaux, voient la vie autrement.

Sans le rechercher, par leurs passions et leurs personnalités, ces quatre-là vont revolutionner la vie de leur communauté.

Plus qu’un magnifique roman social,  » buveurs de vent » est un véritable conte des temps modernes, dénonçant l’asservissement de l’homme tout en poésie. 

Ambiance glauque, tension qui monte, personnages forts, écriture brute, naturelle, puissante comme la nature, çà fait vibrer, emporte dans la noirceur pour nous laisser bouleversés et un peu ébahis, avec la certitude d’avoir touché à la lumière et à la grâce de la vie. 

Trois jours chez ma mère

03 jeudi Sep 2020

Posted by labibliothequeroz in avis de lecture, Chronique, lecture, littérature française, livre

≈ 8 Commentaires

Ce roman, Goncourt 2005, consiste en un long monologue d’un écrivain cinquantenaire qui a eu son heure de gloire mais ne parvient plus à écrire. 

Ses éditeurs attendent ses manuscrits, son banquier ne peut plus faire grand chose pour lui éviter la saisie, sa femme et ses deux filles ne savent plus comment le secouer. 

Lui dort jusque l’après-midi, multiplie les coucheries dès qu’il sort, délaisse ses amis, sa famille. Plus que désabusé, il semble clairement dépressif.

Il a le projet depuis longtemps de se rendre quelques jours chez sa mère, qui le réclame et qu’il voit trop peu, par flegme. Il a débuté pour celà un manuscrit qu’il a intitulé « trois jours chez ma mère », mais tourne autour du pot, nous raconte ses souvenirs, ses regrets, disgresse beaucoup, et n’écrit pas finalement. C’est original, cette idée de faire un roman de la difficulté que l’auteur a eu à l’écrire, de l’état d’esprit dans lequel il était à ce moment, car c’est très certainement autobiographique.

Ce temps chez sa mère, le destin va le contraindre à le prendre, de façon imprévue. 

Je ne savais pas quoi penser de ce livre…Le personnage est inbuvable. Ses nombreuses disgressions insupportables. Çà m’a énervée. Et en même temps, sa sensibilité est très  belle. Des questions profondes sur la vie, les rapport familiaux, la condition humaine sont soulevées. Les pointes d’humour sont subtiles, l’écriture fluide, très littéraire, vraiment agréable. 

J’écris cette chronique deux semaines après avoir terminé le livre. Tout juste refermé, je me disais « mouaif », mais en écrivant tout ceci, je me dis  que c’est bon parfois de s’énerver, çà peut signifier que le contenu est dense et important, çà permet peut être de mieux faire sentir, ressortir les éléments fondamentaux pointés par l’auteur. Il y a des lectures, comme çà, qu’il faut laisser mijoter pour laisser s’en aller les premières impressions et approcher ses vrais ressentis, savoir au final si on a aimé ou non.

J’ai aimé, en fait.

Souscrire

  • Articles (RSS)
  • Commentaires (RSS)

Archives

  • juin 2023
  • mai 2023
  • avril 2023
  • mars 2023
  • février 2023
  • janvier 2023
  • décembre 2022
  • novembre 2022
  • octobre 2022
  • septembre 2022
  • août 2022
  • juillet 2022
  • juin 2022
  • mai 2022
  • avril 2022
  • mars 2022
  • février 2022
  • janvier 2022
  • décembre 2021
  • novembre 2021
  • octobre 2021
  • septembre 2021
  • août 2021
  • juillet 2021
  • juin 2021
  • mai 2021
  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • juin 2020
  • mai 2020
  • avril 2020
  • mars 2020
  • février 2020
  • janvier 2020
  • décembre 2019
  • novembre 2019
  • octobre 2019
  • août 2019
  • juillet 2019
  • juin 2019
  • mai 2019
  • avril 2019
  • mars 2019
  • février 2019
  • janvier 2019
  • décembre 2018
  • novembre 2018
  • septembre 2018
  • août 2018
  • juillet 2018
  • juin 2018
  • mai 2018
  • avril 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • décembre 2017
  • novembre 2017
  • octobre 2017
  • septembre 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • septembre 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016

Catégories

  • art
  • avis de lecture
  • écriture
  • blabla lecture du lundi
  • Chronique
  • chronique lecture
  • cinéma
  • Cinéma 2023
  • club de lecture
  • culture
  • exposition
  • lecture
  • littérature américaine
  • littérature coréenne
  • littérature française
  • littérature japonaise
  • litterature américaine
  • litterature asiatique
  • livre
  • poésie collée
  • podcast
  • point lecture
  • polar
  • roman
  • roman contemporain
  • roman fantaisie
  • roman français
  • roman historique
  • suspens
  • tag
  • thriller

Méta

  • Inscription
  • Connexion

Site Web créé avec WordPress.com.

Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies
  • Suivre Abonné∙e
    • La bibliothèque Roz
    • Rejoignez 321 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • La bibliothèque Roz
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…