« Glaise » de Franck Bouysse

J’ai beaucoup aimé ce roman noir et la plume riche, très lyrique de Franck Bouysse. J’ai d’ailleurs déjà lu un deuxième titre de l’auteur qui va devenir un de mes chouchous, je le sens.

Pourtant, j’ai eu un peu de mal à y entrer. Beaucoup de descripions, de personnages. L’auteur prend son temps pour poser l’ambiance, et c’est très bien. On est plus trop habitués à çà dans le polar je trouve, on nous bazarde souvent d’actions et de rebondissements et je me faisais la réflexion que tout çà rendait le lecteur un peu paresseux…

Mais je me suis accrochée et je l’ai très vite dévoré, hapée par l’ambiance rurale assez oppressante.

On est dans un petit hameau perdu du Cantal, en 1914. La campagne se vide de ses hommes, appellés sur le front. Joseph, 15 ans, se retrouve seul homme à gérer la ferme, avec sa mère et sa grand-mère. Il découvre la vie, travaille dur et est soutenu par son vieux voisin, Léonard, ami de la famille.

Dans un ferme assez proche vivent les Valette. Lui, affreux personnage, une main atrophiée donc exempté de guerre, elle, dure, brute, aigrie, s’inquiète secrètement pour leur fils, parti au front. Ils accueillent contre leur gré la femme et la fille du frère de Valette, parti lui aussi au front. Des citadines que les Valette détestent, et réciproquement.

On va suivre les liens entre tous ces personnages, leurs drames présents et passés. C’est dur, sombre, et en même temps très riche et subtil. De belles relations se développent. Tout se joue dans la psychologie des personnages qui sont très intéressants, bien fouillés. 

J’ai adoré cette plongée dans le monde paysan, un monde où les gens travaillent dur dans leurs champs, dans leurs étables, pour assurer leur subsistance, leur autonomie. Un monde d’entraide et de perpétuatuon de gestes de base pour survivre. Un monde qui n’existe plus et qu’il est bon de retrouver. 

Malgré la rudesse de l’univers et des actes qui se jouent, c’est très poétique, avec un suspens qui grimpe peu à peu et nous tient en haleine tout au long du récit. 

C’est un excellent roman psychologique, une plongée dans un univers rural qui m’a totalement charmée.

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La fille dans le brouillard, de Donato CARRISI

J’ai découvert Donato Carrrisi par hasard il y a quelques mois, lors d’une virée chez Easy Cash où j’avais trouvé plein de livres à très bas prix.

« La fille dans le brouillard » est le premier livre de l’auteur que je lis et j’avoue, j’ai été bluffée, surprise, manipulée jusqu’au bout. J’ai adoré. Et pourtant je suis plutôt lassée des thrillers ces derniers temps.

Dans un petit village paisible des Alpes, une jeune fille de 16 ans, issue d’une famille catholique ultra-pratiquante, disparaît. Le commandant Vogel, réputé pour résoudre ses enquêtes avec l’appui des médias et surtout assoiffé de reconnaissance, est envoyé sur place. Mais l’enquête n’avance pas et l’opinion publique réclame un coupable…
L’ambiance, les personnages, les revirements et le final sont absolument excellents. Et puis j’ai beaucoup aimé qu’au delà de la quête d’un criminel, l’auteur dénonce et exploite habilement les travers de notre société, ici en l’occurence la noirceur humaine qui recherche un coupable plutôt que de la vérité, le rôle des médias pour faire ou défaire des réputations en fonction des besoins de l’opinion publique, l’utilisation perverse et habile qui peut être faite de ces mouvements. C’est terriblement glaçant.
Je me demande si les autres titres de l’auteur sont du même acabit…par exemple si « Le chuchoteur », dont on entend tellement parler (et dont je me méfie, du coup…), est de la même trempe…