Encore un gros coup de coeur pour cette seconde lecture du club de lecture de janvier. Un petit voyage en Angleterre très très sympa…
Dans la petite ville touristique de Pagford, un notable, prof de sport adoré de ses elèves, membre du conseil de la ville, décède subitement d’une crise cardiaque. Ici, pas de crime, pas d’enquête, puisqu’on sait tout de suite qu’il s’agit d’une mort naturelle. Il ne s’agit pas d’un roman policier mais d’un roman dramatique mêlé à de la comédie de moeurs.
Le roman va tourner autour de la place laissée vacante au conseil de la ville et de la guerre sans merci que vont se mener les habitants pour celle-ci.
Car l’enjeu est de taille : garder ou se séparer du quartier pauvre à la périphérie de la ville, qui coûte très cher à la ville (beaucoup de personnes assistées) et ternit son image. Or le défunt était le seul à défendre ardemment le maintien de ce quartier défavorisé dans le giron de la ville…
Derrière une apparence affligée, ceux qui veulent se débarasser de ce quartier se lèchent les babines et vont tout faire pour qu’un partisan de leur vision soit nommé.
Stratèges, luttes de pouvoir et des classes, hypocrisie, pensée étriquée et ridicule d’une classe moyenne qui se sent supérieure, défense des minorités sociales, c’est de çà qu’il s’agit dans ce roman. C’est passionnant. Et très pertinent.
JKR nous immerge dans les foyers de différents milieux sociaux, use de caricature, sait nous faire rire avec un formidable humour noir, mais aussi ne nous épargne pas sur certaines problématiques comme la violence conjugale ou la problématique de l’addiction.
La plume de JKR est toujours aussi agréable, fine et precise, çà fait un drôle d’effet de la retrouver dans une toute autre thématique que la saga Harry Potter. C’était très agréable.
La lecture est un peu fastidieuse au début car il y a beaucoup de personnages à mettre en place, puis une fois qu’on a bien compris qui est qui, c’est un vrai bonheur de suivre leur destin, découvrir leur passé, leurs liens, leurs petits et grands secrets, leurs ressentis et motivations profondes, leurs moyens de défense…
Les personnages sont très touchants, leur psychologie extrêmement travaillée. Pour certains, les traits sont poussés à la caricature, avec des scènes très très croustillantes qui m’ont beaucoup amusée. Comme Samantha, femme d’avocat, qui tient une boutique de lingerie qui peréclite, s’ennuie tellement dans son couple qu’elle boit un peu trop, provoque sans cesse sa belle-mère qu’elle déteste, tombe amoureuse du chanteur du boyband dont est fan son ado.
Les mécanismes du fonctionnement humain comme la jalousie, la manipulation, la propension aux potins, sont abordés de façon intelligente. La thématique de la souffrance adolescente, des secrets, du silence, du harcèlement scolaire, de la violence familiale sont également abordés. Les portraits d’ado qui luttent desespérément pour sortir de leur situation sont remarquables.
Vraiment, j’ai adoré cette comédie de moeurs dramatique, çà m’a rappelé les romans David Lodge.
Et cette fin !…je ne m’y attendais pas…quelle émotion…..j’ai vraiment laissé avec regret tous ces personnages et certains vont me suivre bien longtemps.
JKR est une très fine observatrice de la société pour avoir écrit une satire sociale aussi excellente. J’espère qu’elle renouvellera l’expérience.
Alors alors…et vous, votre avis ????? Je sais que ce roman avait été pas mal contesté à sa sortie…çà m’intéresse d’avoir vos avis…!
Sinon…Février arrive demain…
Je vous rappelle les titres proposés pour le club de lecture de février (cf article du 13 janvier dernier) :
- « Entre deux mondes » de Marina Carrère d’Encausse.
- « Les Fauves » d’Ingrid Desjours.
Vous prévoyez de lire lequel ?]
Belles lectures à vous !